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Poncho et sac à dos
3 février 2012

Envoûtante Amazone

Le 18 janvier, nous arrivons à Leticia, ville de l’extrême sud de la Colombie, en plein milieu de l’Amazonie, à la croisée des frontières péruviennes et brésiliennes. C’est au travers le hublot de l’avion que nous découvrons le premier aperçu de cette gigantesque forêt amazonienne : de vertes étendues à pertes de vue, tellement immenses que les autorités ont renoncé à construire une route pour relier Leticia au reste du pays. Si ce n’est par avion, l’accès pourrait se faire en bateau en sillonnant les rivières de la forêt ,pendant plusieurs mois…

2 - Marché de Léticia qui descend jusqu'au fleuveLoin de tout, perdue, esseulée, Leticia n’est pourtant pas un village fait de huttes en feuille de palmiers ni une ville oubliée de l’époque moderne. On y trouve des magasins qui vendent des produits importés de Chine (toujours et encore), des restos qui vous préparent du poisson de l’Amazone (délicieux), des hôtels roots et moins roots, des motos plus que des voitures, un musée même, et surtout… des pirogues.

La présence de l’Amazone aux abords de la ville nous rappelle que la vie ici existe essentiellement grâce au fleuve. Sur les quais règnent une grande animation. Les enfants pêchent, jouent dans l’eau, ou conduisent les pirogues comme s’ils faisaient du vélo… Les hommes débarquent des marchandises, jouent aux cartes dans des bars qui flottent sur l’eau, ou conduisent les passagers en pirogue sur l’autre rive… Eh oui, il suffit de traverser le fleuve pour se retrouver de l’autre côté au Pérou !

Nous partons à la recherche des informations dont nous avons besoin pour notre prochaine traversée. Nous souhaitons rejoindre la ville d’Iquitos au Pérou, à 350km de Leticia à vol d’oiseau. Deux possibilités s’offrent à nous :

-  1° la version courte, prisée par les touristes, un bateau express qui vous amène à Iquitos en 10h

-  2° la version longue, prisée par les locaux car moins chère, un bon vieux rafiot qui transporte passagers et marchandises et qui vous amène à Iquitos en 3 jours…

Inutile de vous dire quelle formule nous choisissons… Nous préférons évidemment prendre le temps d’admirer la vie de l’Amazone. Le prochain bateau part le lendemain soir. Nous décidons qu’il sera nôtre et nous préparons au départ. Il nous faut trouver des hamacs, car évidemment ce n’est pas le Costa Concordia (enfin heureusement finalement…) et les cabines personnelles n’existent pas. Chacun apporte son lit, c’est-à-dire son hamac, et l’accroche sur le ponton. On fait aussi quelques provisions de fruits car on ne sait pas à quoi ressemblera la nourriture sur le bateau… Mais l’essentiel de notre ravitaillement se résume surtout à de l’eau. « Aman iman » comme disent les Touarègues, « l’eau c’est la vie ».

Nous sommes prêts à partir, mais c’est sans compter une imprévisible et fulgurante tourista (la première du voyage) qui va frapper 8 - Notre bateau, le Carlos Antonio 2David durant la nuit… Inutile de partir malade. Nous repoussons donc le départ, le temps que David récupère. Le samedi 21 janvier, nous quittons finalement la Colombie en prenant une première pirogue qui nous emmène de l’autre côté du fleuve, à Santa Rosa au Pérou. De là, nous monterons dans un plus gros bateau qui nous emmènera jusqu’à Iquitos.

C’est un espèce de vieux rafiot et il n’est pas daté de la dernière pluie (tropicale) mais on a déjà hâte d’y monter pour nous y installer, nous et nos hamacs. L’équipage s’occupe de monter les marchandises à bord (du poisson surtout, mais aussi des cochons qui nous rejoindront plus tard dans la traversée en plus de quelques stères de bois…). Nous choisissons le 2e pont, celui du haut. Il n’y a encore pas grand monde et nous nous installons à côté d’une jeune péruvienne qui esquisse un sourire en nous voyant guerroyer pour accrocher nos hamacs. Ben oui, c’est qu’on n’a pas l’habitude… Après avoir été retardés par une pluie tropicale (heureusement, il y a un toit au dessus du ponton), le bateau se met en branle, les machines poussent leurs premiers ronrons et nous nous élançons dans la nuit noire sur l’Amazone. 

Le premier réveil est surprenant. A 6h, la musique rugit à fond les manettes. Les enceintes du bar sur le pont vont fonctionner à plein régime toute la journée. Malheureusement, c’est une véritable bataille sonore qui va s’opérer : les enceintes de la télé (oui il y a une télé !) de l’autre côté du pont, vont aussi sonoriser la moitié du bateau. Nous qui pensions trouver le calme de la navigation, c’est une cacophonie à laquelle nous ne nous attendions pas ! Mais le son ne gâche en rien la vue et ce premier réveil nous offre des scènes de vie amazonienne étonnantes. Nous admirons de grands oiseaux blancs se poser sur les arbres et les chorégraphies de quelques dauphins roses, une espèce qu’on ne trouve qu’ici. Dans le petit village où le bateau s’arrête pour récupérer des passagers et déposer des marchandises, nous apercevons quelques femmes laver le linge dans la rivière, des enfants conduisant des pirogues, des pêcheurs…

15 - Village isoléTout au long de la traversée, nous longeons une des deux rives du fleuve, de sorte que nous gardons à distance d’œil raisonnable tout un tas de curiosités à regarder. De notre hamac, c’est un spectacle permanent. Nous découvrons au fil de l’eau des habitations aux toits de feuilles de palmes, des maisons sur pilotis, des maisons flottants sur des rondins de bois, toutes dans des endroits improbables, bien loin des premiers villages. Nous écoutons les oiseaux, regardons les épais feuillages et voyons de grands arbres se détacher, parfois, d’une ligne horizontale trop droite. L’eau et la forêt nous entourent à perte de vue.

Le premier coucher de soleil est magnifique. Encore plus belles que celles de la journée, les couleurs sont roses, vertes et jaunes et se reflètent dans l’eau marron du fleuve. On a envie que le bateau ne s’arrête jamais ! Les jours passent mais ne se ressemblent pas. Dans l’espace confiné du bateau, nous faisons connaissance avec quelques passagers péruviens. Une famille venue s’installer à côté de nous, nous offre de belles tranches d’ananas frais pour sceller notre nouveau voisinage. En contre-partie, nous apprenons à jouer au UNO à leurs enfants, ce qui ne manque pas d’attirer quelques regards curieux… Nous sommes les seuls étrangers sur le bateau et ne sommes pas marginalisés sinon vite intégrés au reste des passagers. Un vieux monsieur nous fait goûter au « raisin d’Amazonie », des grappes violettes mais plus grosses avec un seul pépin à l'intérieur... Nous discutons avec Nestor, 49 ans, qui a visité de la famille sur le fleuve et rentre à Iquitos.

40 - Dernier couché de soleil

La seule chose que nous ne partagerons pas avec les locaux sera… l’usage de la douche. Nous avons abandonné tout espoir de nous laver pendant 3 jours dès le moment où nous avons compris que l’eau venait directement du fleuve et qu’en plus, la pomme de douche (enfin, le tuyau) était situé juste au dessus de la cuvette des chiottes. Les toilettes-douches on en a fait pas mal jusqu’ici, mais là, c’est particulièrement corsé…

Nous arrivons à Iquitos dans la nuit du 23 janvier. Tour à  tour, les passagers viennent gentiment nous prévenir : « Attention à vos sacs quand vous descendez du bateau, il y a beaucoup de voleurs. Il vaut mieux attendre que le jour se lève pour quitter le navire. » Bon. Nous attendons donc 4h30 pour sortir avec nos sacs. Il fait encore un peu nuit mais un taxi est venu nous trouver sur le bateau et nous propose de nous emmener à l’hôtel que nous avons repéré dans le guide. Après un interrogatoire en règle, nous décidons de faire confiance au taxi et le suivons dans la nuit.

Nous quittons le bateau et sa traversée extraordinaire. L’Amazone nous aura laissé un souvenir impérissable. Un bout de voyage magique et mémorable.

Marie

 

 

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Commentaires
A
et y'a la cloche qui sonne à l'aube pour le café et les crackers non??
A
ahhhh que de souvenirs...sauf que moi j'ai fini par l'utiliser la douche!! et la musique en boucle c'était U2 sunday bloody sunday completement surréaliste!!
E
Vous faites trop rêver les loulous!!<br /> <br /> (PS: et les moustiques?!!<br /> <br /> Gros bézou
Poncho et sac à dos
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