Sur les chemins des déserts de l'Altiplano
Nous en avions entendu parler depuis longtemps… Le Salar d’Uyuni, au sud de la Bolivie, nous a ouvert ses portes pour nous offrir une magnifique fin de voyage.
Après quelques péripéties sur la route (petite panne de bus au milieu de nulle part, mais qui n’en a pas vécu en Bolivie ?!), nous arrivons le 22 février à Uyuni, une ville dépourvue de charme, si ce n’est celui d’observer les touristes venus des 4 coins du monde pour découvrir le légendaire désert de sel…
Comme le nombre de touristes, les agences de voyage pullulent dans la ville. La première étape consiste donc à trouver une agence qui puisse vous emmener avec son beau 4 x 4 (neuf, ou parfois moins neuf) découvrir le salar et les autres merveilles se cachant un peu plus loin dans le désert. Vous ne pouvez rien faire tout seul, il faut obligatoirement être accompagné. D’abord parce que vous vous perdriez en vous aventurant sur ces pistes caillouteuses, et tout simplement parce que la visite de cette partie de la Bolivie est devenue un réel buisness auquel il est difficile d’échapper…
Nous décidons de partir avec l’agence « Desierto Expedicion » qui semble réunir toutes les conditions pour un « tour » de 3 jours comprenant une journée dans le salar et deux autres dans le désert pour découvrir les « lagunas coloradas ». Malheureusement, nous nous apercevrons bien vite que notre choix n’était pas le bon. L’agence s’est engagée pour un tour de 3 jours alors que son 4 x 4 est disponible pour seulement une journée ! A la fin du premier jour, nous revenons donc à Uyuni, et devons réussir deux exploits : nous faire rembourser par l’agence frauduleuse qui n’a pas respecté ses engagements et trouver une autre agence pour terminer le tour que nous avons commencé… Après moult négociations, nous réussissons finalement les deux épreuves ! Dans notre galère, nous apprenons à mieux connaître les voyageurs de notre petit groupe : Viviane et Dario, un couple de jeunes suisses voyageurs, et Adeline et Gilles, un couple de jeunes retraités français, routards et syndicalistes, avec qui nous échangerons beaucoup au milieu du désert.
La visite du salar nous a tellement émerveillés que nous ne voulons absolument en voir plus… Sans le savoir, nous sommes arrivés au moment idéal. La saison des pluies a déposé sur ce désert de cristaux blancs une dizaine de centimètres d’eau, véritable miroir du ciel et des nuages. Le salar à cette époque est alors un trouble jeu d’illusions : l’horizon n’est plus nettement dessiné et il semble que l’infini s’offre à nous. Les perspectives sont distordues et interminables, on ne discerne plus le sol du ciel. Avec surprise, on aperçoit de loin quelques flamands roses qui viennent raviver les tons de cet étrange décor de bleus et de blancs.
Ce ne sont pas les seuls que nous verrons. Le lendemain, plus au sud dans le désert de Lipez, nous allons découvrir des lagunas coloradas dans lesquelles se nourrissent des milliers de flamands roses. Après la magie du salar, nous traversons des paysages incroyables au fur et à mesure des kilomètres : un désert de roches volcaniques étendu à perte de vue, des dizaines de troupeaux de lamas et de vigognes broutant quelques broussailles, des déserts de sable brun, jaune, rouge au pied de montagnes enneigées… Nous sommes littéralement sous le charme de cet endroit lunaire. Entre 4000 et 5000m d’altitude, nous ne pensions pas découvrir les paysages dignes d’un Sahara, mais dotés de sommets enneigés en plus ! A la fin de la 2e journée, nous découvrons la lagune rouge qui achève de nous époustoufler. Sur ce lac aux couleurs pourpres, les flamands roses affluent par milliers. Il parait même que c’est en mangeant de mini crevettes roses qu’ils développent cette étrange couleur rosée…
Le soir nous dormons dans un refuge au milieu du désert à 4200m d’altitude. Nous y retrouvons d’autres touristes avec qui nous passons la soirée et buvons un bon vin chilien pour fêter mes 29 ans ! On sort même regarder les étoiles, un spectacle toujours étonnant au milieu du désert. Notre jeune suisse, qui parle plus allemand qui français, nous demande si la « rue du lait » se voit autant que ça en France… Les étoiles filantes sont au rendez-vous, les vœux aussi…
Le lendemain, réveil à 4h30 du matin pour notre dernière journée dans le désert. Nous avons encore beaucoup de choses à visiter et une longue route nous attend pour rentrer sur Uyuni. Alors que nous ne sommes pas encore très bien réveillés et que le soleil n’est pas encore levé, notre guide Tito nous amène dans un lieu qui nous semble être une autre planète. Nous sommes sur une terre volcanique active : des geysers de fumées, bruyant et fumant nous entourent dans une étrange odeur de souffre. Sommes-nous sur Mars ?! Mais le vent glacial du désert a raison de nous et nous ne nous attarderons pas devant ce spectacle insolite.
Heureusement la prochaine étape, c’est la source d’eau chaude… Nous arrivons avant les autres touristes et nous mettons rapidement en maillot de bain pour nous glisser dans une eau à… 37°C ! On admire les premiers rayons de soleil qui chassent la brume sur la lagune en face de notre petite baignoire de fortune. Les flamands roses sont encore là, perchés sur leurs échasses.
Après le bain, nous dégustons les crêpes préparées par Tito pour le petit déjeuner. Et puis on repart sur les pistes du désert, parce que la « laguna verde » nous attend… On s’arrête avant dans le « désert de Dali », où effectivement, on se croirait arrivé dans un tableau du maître espagnol. Posées sur le sable orangé, des pierres volcaniques ont des formes aussi bizarroïdes que celles que Dali aurait pu leur donner en peinture… Et puis on arrive encore devant une autre lagune, verte cette fois, car pleine d’ammoniac nous explique Tito. Sans flamand rose évidemment. Derrière elle s’élève le volcan Licancabur, dentelé de neige.
On reprend la route pour avancer, car avant de retourner à Uyuni, il faut aller déposer nos deux Suisses à la frontière chilienne car c’est au Chili qu’ils continuent leur voyage. Pour notre part, c’est cette frontière que nous ne traverserons pas, qui restera le point le plus au sud de tout notre périple en Amérique latine.
Le retour se fait rapidement (et heureusement, parce que 800km en 3 jours, c’est beaucoup !) mais trop rapidement finalement pour un 4 x 4 bolivien… La courroie du ventilateur nous lâche à 80km de l’arrivée et Tito toujours très inventif, tente de le réparer avec un bas en nylon, volé à une indigène du village le plus proche. Mais la réparation de fortune ne marche qu’un temps et nous sommes finalement obligés de stopper d’autres 4 x 4 pour nous faire raccompagner jusqu’à Uyuni. C’est que notre bus de nuit pour La Paz nous attend et que nous ne voulons pas le manquer.
Finalement, tout est bien qui finit bien (comment pourrait-il en être autrement ?!), nous montons dans notre bus pour La Paz, arrivons chez Ainhoa sains et saufs pour passer chez elle une dernière nuit avant de repartir pour Arequipa puis pour Lima d’où nous prenons notre vol retour le 3 mars…
Le désert bolivien nous aura conquis, ravis, étonnés, subjugués.
Fin des épisodes.
Marie