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Poncho et sac à dos

19 mars 2012

Sur les chemins des déserts de l'Altiplano

Nous en avions entendu parler depuis longtemps… Le Salar d’Uyuni, au sud de la Bolivie, nous a ouvert ses portes pour nous offrir une magnifique fin de voyage.

Après quelques péripéties sur la route (petite panne de bus au milieu de nulle part, mais qui n’en a pas vécu en Bolivie ?!), nous arrivons le 22 février à Uyuni, une ville dépourvue de charme, si ce n’est celui d’observer les touristes venus des 4 coins du monde pour découvrir le légendaire désert de sel…

Comme le nombre de touristes, les agences de voyage pullulent dans la ville. La première étape consiste donc à trouver une agence qui puisse vous emmener avec son beau 4 x 4 (neuf, ou parfois moins neuf) découvrir le salar et les autres merveilles se cachant un peu plus loin dans le désert. Vous ne pouvez rien faire tout seul, il faut obligatoirement être accompagné. D’abord parce que vous vous perdriez en vous aventurant sur ces pistes caillouteuses, et tout simplement parce que la visite de cette partie de la Bolivie est devenue un réel buisness auquel il est difficile d’échapper…

11 - Aux ailes roses fluoNous décidons de partir avec l’agence « Desierto Expedicion » qui semble réunir toutes les conditions pour un « tour » de 3 jours comprenant une journée dans le salar et deux autres dans le désert pour découvrir les « lagunas coloradas ». Malheureusement, nous nous apercevrons bien vite que notre choix n’était pas le bon. L’agence s’est engagée pour un tour de 3 jours alors que son 4 x 4 est disponible pour seulement une journée ! A la fin du premier jour, nous revenons donc à Uyuni,  et devons réussir deux exploits : nous faire rembourser par l’agence frauduleuse qui n’a pas respecté ses engagements et trouver une autre agence pour terminer le tour que nous avons commencé… Après moult négociations, nous réussissons finalement les deux épreuves ! Dans notre galère, nous apprenons à mieux connaître les voyageurs de notre petit groupe : Viviane et Dario, un couple de jeunes suisses voyageurs, et Adeline et Gilles, un couple de jeunes retraités français, routards et syndicalistes, avec qui nous échangerons beaucoup au milieu du désert.

La visite du salar nous a tellement émerveillés que nous ne voulons absolument en voir plus… Sans le savoir, nous sommes arrivés au moment idéal. La saison des pluies a déposé sur ce désert de cristaux blancs une dizaine de centimètres d’eau, véritable miroir du ciel et des nuages. Le salar à cette époque est alors un trouble jeu d’illusions : l’horizon n’est plus nettement  dessiné et il semble que l’infini s’offre à nous. Les perspectives sont distordues et interminables, on ne discerne plus le sol du ciel. Avec surprise, on aperçoit de loin quelques flamands roses qui viennent raviver les tons de cet étrange décor de bleus et de blancs.

Ce ne sont pas les seuls que nous verrons. Le lendemain, plus au sud dans le désert de Lipez, nous allons découvrir des lagunas DSC_0338coloradas dans lesquelles se nourrissent des milliers de flamands roses. Après la magie du salar, nous traversons des paysages incroyables au fur et à mesure des kilomètres : un désert de roches volcaniques étendu à perte de vue, des dizaines de troupeaux de lamas et de vigognes broutant quelques broussailles, des déserts de sable brun, jaune, rouge au pied de montagnes enneigées… Nous sommes littéralement sous le charme de cet endroit lunaire. Entre 4000 et 5000m d’altitude, nous ne pensions pas découvrir les paysages dignes d’un Sahara, mais dotés de sommets enneigés en plus ! A la fin de la 2e journée, nous découvrons la lagune rouge qui achève de nous époustoufler.  Sur ce lac aux couleurs pourpres, les flamands roses affluent par milliers. Il parait même que c’est en mangeant de mini crevettes roses qu’ils développent cette étrange couleur rosée…

Le soir nous dormons dans un refuge au milieu du désert à 4200m d’altitude. Nous y retrouvons d’autres touristes avec qui nous passons la soirée et buvons un bon vin chilien pour fêter mes 29 ans ! On sort même regarder les étoiles, un spectacle toujours étonnant au milieu du désert. Notre jeune suisse, qui parle plus allemand qui français, nous demande si la « rue du lait » se voit autant que ça en France… Les étoiles filantes sont au rendez-vous, les vœux aussi…

DSC_0434Le lendemain, réveil à 4h30 du matin pour notre dernière journée dans le désert. Nous avons encore beaucoup de choses à visiter et une longue route nous attend pour rentrer sur Uyuni. Alors que nous ne sommes pas encore très bien réveillés et que le soleil n’est pas encore levé, notre guide Tito nous amène dans un lieu qui nous semble être une autre planète. Nous sommes sur une terre volcanique active : des geysers de fumées, bruyant et fumant nous entourent dans une étrange odeur de souffre.  Sommes-nous sur Mars ?! Mais le vent glacial du désert a raison de nous et nous ne nous attarderons pas devant ce spectacle insolite.

Heureusement la prochaine étape, c’est la source d’eau chaude… Nous arrivons avant les autres touristes et nous mettons rapidement en maillot de bain pour nous glisser dans une eau à… 37°C ! On admire les premiers rayons de soleil qui chassent la brume sur la lagune en face de notre petite baignoire de fortune. Les flamands roses sont encore là, perchés sur leurs échasses.

Après le bain, nous dégustons les crêpes préparées par Tito pour le petit déjeuner. Et puis on repart sur les pistes du désert, parce que la « laguna verde » nous attend… On s’arrête avant dans le « désert de Dali », où effectivement, on se croirait arrivé dans un tableau du maître espagnol. Posées sur le sable orangé, des pierres volcaniques ont des formes aussi bizarroïdes que celles que Dali aurait pu leur donner en peinture… Et puis on arrive encore devant une autre lagune, verte cette fois, car pleine d’ammoniac nous explique Tito. Sans flamand rose évidemment. Derrière elle s’élève le volcan Licancabur, dentelé de neige.  

On reprend la route pour avancer, car avant de retourner à Uyuni, il faut aller déposer nos deux Suisses à la frontière chilienne car DSC_0474c’est au Chili qu’ils continuent leur voyage.  Pour notre part, c’est cette frontière que nous ne traverserons pas, qui restera le point le plus au sud de tout notre périple en Amérique latine.

Le retour se fait rapidement (et heureusement, parce que 800km en 3 jours, c’est beaucoup !) mais trop rapidement finalement pour un 4 x 4 bolivien…  La courroie du ventilateur nous lâche à 80km de l’arrivée et Tito toujours très inventif, tente de le réparer avec un bas en nylon, volé à une indigène du village le plus proche. Mais la réparation de fortune ne marche qu’un temps et nous sommes finalement obligés de stopper d’autres 4 x 4 pour nous faire raccompagner jusqu’à Uyuni. C’est que notre bus de nuit pour La Paz nous attend et que nous ne voulons pas le manquer.

Finalement, tout est bien qui finit bien (comment pourrait-il en être autrement ?!), nous montons dans notre bus pour La Paz, arrivons chez Ainhoa sains et saufs pour passer chez elle une dernière nuit avant de repartir pour Arequipa puis pour Lima d’où nous prenons notre vol retour le 3 mars…

Le désert bolivien nous aura conquis, ravis, étonnés, subjugués.

Fin des épisodes.

Marie

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3 mars 2012

De l’Altiplano à la jungle, bienvenue en Bolivie !

Le 8 février, nous arrivons tout droit du lac Titicaca à La Paz, capitale de la Bolivie, perchée à 3 600m d’altitude. Nous sommes accueillis par mon amie espagnole Ainhoa (enfin basque, elle y tient !), rencontrée il y a plusieurs années en Lituanie.

DSC_0888Indépendantiste invétérée, socialiste acharnée, féministe affirmée, Ainhoa a passé plus de 2 ans en Palestine et travaille maintenant en Bolivie pour la même ONG. Les discussions politiques n'ont donc pas manqué pendant le séjour ! C'était aussi bon de retrouver un visage connu et d'être accueillis dans un « home sweet home ». Nous avons découvert pendant 4 jours, le petit monde paceño d’Ainhoa et rencontré ses amis boliviens à l’occasion de sa soirée d’anniversaire.

Ce qu’il y a de bien lorsqu’on arrive chez les amis vivant à l’étranger, c’est qu’on découvre toujours la ville avec plus de piquant que si on l’avait visitée seul en tant que simple touriste. Nous passons avec Ainhoa et ses amis une soirée dans un bar typique bolivien (pas un étranger à la ronde), à danser sur des airs traditionnels boliviens (la morenada est aux Boliviens ce que le rock est aux Anglais), à boire des boissons traditionnelles boliviennes (des jarres et des jarres de « singani »), à discuter des actualités boliviennes en mangeant les feuilles de coca qui trônent sur les tables… Bref, une incursion dans la vraie vie bolivienne by night de la capitale !

Avec ses 2 millions d’habitants, La Paz est une capitale latine assez agréable à vivre, à la fois moderne et authentique. Elle est aussi IMG_1731entourée de montagnes, rappelant au visiteur qu’une grande partie de la Bolivie vit sur les hauteurs de l’Altiplano, en plein cœur de la cordillère andine.

Cependant, lorsqu’on grimpe sur les hauteurs de la ville, à El Alto, la ville-banlieue jouxtant la Paz, on découvre une autre Bolivie, plus rude. Le pays est aujourd’hui le plus pauvre de tout le continent sud-américain même si les efforts pour améliorer les conditions de vie se sont accrus avec l’élection d’Evo Morales en 2005, premier président indigène représentant le peuple et les « cocaleros ».

Après 4 jours, nous quittons Ainhoa et la grande ville pour rejoindre le nord de la Bolivie, baignée par le bassin amazonien. Nous souhaitons passer quelques jours dans la jungle et nous dirigeons donc vers la ville de Rurrenabaque. La première fois que j’ai entendu parler de cet endroit, c’était il y a plus d’un an, à Paris, lorsque Clément A. (souviens-toi Clément A. !) m’avait fait une description mémorable de son séjour à Rurre. Depuis, j’avais en tête qu’on ne pourrait pas venir en Bolivie sans passer par cette étonnante ville perdue dans la jungle.

En pleine saison des pluies, nous décidons de nous y rendre par avion, le bus mettant au minimum 24h et devant affronter des écoulements de boue sur le chemin, nous renonçons vite à cette possibilité.

Depuis les années 1980, la ville a connu un boom touristique suite à l’étrange aventure d’un Israélien de passage. Accompagné de 3 compères américains, ce jeune israélite décide de partir dans la jungle à la recherche d’un gisement d’or qui semble ne jamais avoir été trouvé… Les 4 apprentis aventuriers fabriquent donc un radeau et descendent le fleuve Béni au milieu de la jungle. Mais le bateau de fortune ne résiste pas et après un triste naufrage, les explorateurs se perdent au beau milieu de la forêt. Après 3 semaines, seul l’israélien survit et réussit à revenir au village. L’histoire a depuis fait légende et est racontée par tous les habitants de Rurrenabaque, qui accueillent aujourd’hui de nombreux touristes israéliens, venus sur les traces de leur héros voyageur.

DSC_0973C’est maintenant à notre tour de découvrir ce que nous réserve la jungle… Nous ne construisons pas de radeau, mais partons sur un petit bateau à moteur, accompagnés d’un  guide pour 3 jours, de 4 Tchèques et d’un Paraguayen. Après 3h de bateau, nous arrivons au beau milieu de la forêt et nous installons dans notre campement, quelques cabanes faites de bambou et de feuilles de palmes. De là, nous allons rayonner à quelques kilomètres dans la jungle environnante, escortés par notre guide évidemment.

C’est un véritable Indiana Jones de la jungle qui va nous accompagner 3 jours durant : bandana dans les cheveux, pantalon troué, machette dans une main, regard animal, Juan-Carlos va nous faire goûter aux plaisirs de la jungle… Nous découvrons donc que les termites ont le goût de menthe poivrée et qu’elles sont bourrées de protéines, nous mangeons de l’écorce au goût d’ail pour assaisonner notre déjeuner, buvons de l’eau de liane et de bambou, traquons les traces de quelques tapirs, apprenons à sentir l’odeur de l’anaconda passé sur le chemin, dérangeons des veuves noires dans leur sommeil et pêchons des piranhas…

Bref, nous faisons presque en trois jours ce que ferait Indiana Jones en 4 films ! La seule différence, c’est juste qu’il ne pleut pas DSC_0950autant dans les films d’Indi. La jungle en pleine saison des pluies a quelque chose de… mouillé ? d’humide ? de moite ? Nous abandonnons vite nos chaussures pour patauger allègrement dans la boue, pieds nus. Retour à la nature ! Retour à la terre !

Nous sommes impressionnés par la végétation luxuriante et démesurée qui nous entoure. Nous nous trouvons dans une forêt primaire qui existe depuis bien des milliers d’années et nous sentons tout petit… Mais l’expérience la plus surprenante et la plus marquante de ces 3 jours, restera notre excursion nocturne dans la jungle.

A 21h, un soir après le dîner, nous nous engageons, frontale au front, sur un chemin boueux. Pour la première fois de ma vie (de notre vie je puis dire), nous allons découvrir ce que signifie « obscurité totale ». Les rideaux les plus opaques n’ont qu’à aller se rhabiller, dans le jungle, pas un ray de lumière ne vient vous déranger… Au milieu de notre balade diurne, nous nous tapissons dans l’ombre pour attendre la venue d’un tapir (qui ne viendra jamais) : à 20cm des uns des autres, nous ne nous voyons même pas ! C’est une expérience incroyable et assez déroutante. Dans nos contrées européennes, nous n’avons plus l’habitude de nous retrouver ainsi, dans cette pénombre naturelle, la pollution lumineuse de nos villes ayant rompu le charme de la nuit.

Nous quittons la jungle sous des trombes d’eau, détrempés mais heureux de notre expérience et reprenons l’avion sur le tarmac perdu au milieu des arbres. Rurre nous aura charmés et c’est avec plein d’envie que nous continuons la découverte de cette étonnante Bolivie.

 

Marie

20 février 2012

Titicaca : un lac, deux pays

A la frontière entre le Pérou et la Bolivie, s’étendant sur une superficie de plus de 8400km², se trouve le fameux lac Titicaca. Lac navigable le plus haut du monde, il est perché à 3812m d’altitude. En venant de Cusco, nous l’abordons dans un premier temps du côté péruvien, par une halte dans la ville de Puno.

Malgré l’afflux nombreux de touristes attirés par le lac légendaire, Puno semble avoir gardé une âme profondément indigène (je n’aime pas ce mot mais c’est celui qui est utilisé ici ; en espagnol, il n’est pas péjoratif de dire indigenas). En nous baladant dans le petit marché de la ville, nous retrouvons tous les accessoires de la mode quechua : jupons colorés, gilets, tissus criards et chapeaux melons évidemment. Tout le long de l’Altiplano, ces types de vêtements sont portés fièrement par les femmes indigènes. Il est intéressant de noter que cette tenue vestimentaire a été imposée par les Espagnols au 18ème siècle et perdure encore aujourd’hui.

5 - Iles flottantes UrosA quelques kilomètres des rives de Puno, se trouvent les îles flottantes du peuple Uros. En plein milieu du lac, c’est un vrai petit village qui se dresse avec une multitude de petits îlots flottants. Chaque îlot est constitué uniquement de totora, plante ressemblant au roseau, qui ne pousse que dans le lac Titicaca. Les Uros, dans un premier temps récupèrent de gros blocs de racines de totora qu’ils lient entre eux et arriment au fond du lac. Ces racines ont la particularité de flotter et servent de socle à la construction de l’île. Elles sont ensuite recouvertes de nombreuses couches de totora, renouvelées fréquemment et servant de plancher aux différentes îles. Il est d’ailleurs très étrange de sentir les mouvements de l’île dès lors que vous marchez dessus. Les quelques petites huttes construites, jusqu’à 10 par îles, utilisent elles aussi la totora. Ce peuple de pêcheurs a donc utilisé pour survivre un des éléments naturels présents dans son environnement et en a tiré tous les partis possibles.

Aussi curieuse que soit cette visite, il faut malheureusement préciser que le lieu est aujourd’hui totalement gangrené par le tourisme. Une multitude de bateaux touristiques accostent chaque jour ce « village ». Sur chaque îlot, les femmes accueillent les touristes avec des grands signent de bras et essaient ensuite de vendre, avec insistance, leur « artisanat » hors de prix. Pour couronner le tout, lors du départ du groupe, les femmes se rassemblent et chantent une chanson en aymara (dialecte local), en espagnol et spécialement pour nous…en français ! Je vous laisse imaginer l’étrange sensation nous envahissant lorsque sur une île flottante du lac Titicaca, trois femmes Uros, en tenues traditionnelles, entonnent « Alouette, gentille Alouette »…

S’ils vivent encore sur leurs îles très typiques, les Uros sont aujourd’hui une véritable « attraction touristique ». Je suis, nous sommes, encore très partagés sur tout cela. Le développement du tourisme à tout de même permis à ce peuple d’être reconnu (sur chaque île, trônent des panneaux solaires offerts par le gouvernement péruvien) et de sortir de l’extrême pauvreté dans laquelle il était plongé. Mais pour tout cela faut-il « vendre son âme » ? Et nous qui voyageons depuis quatre mois, ne sommes nous pas une part du problème, en prenant part à ces visites ?

Pour essayer de retrouver un peu d’authenticité, nous décidons de rester à Puno afin d’assister à la fête très populaire de « la Virgen15 - Et tournent les jupons Candelaria ». Dans un premier temps, rendez-vous au stade municipal. Là, nous assistons à un  concours de danses populaires. Dans les tribunes, très peu de touristes, mais un nombre impressionnant de chapeaux melons… Sur la piste, c’est une succession incroyable de multiples ballets. Parfois, c’est plus de 200 danseurs et danseuses, en costumes traditionnels qui se meuvent tel un seul homme et réalisent diverses formes géométriques. Les danseurs représentent tous une ville et certains ont voyagé plusieurs jours afin de présenter leur chorégraphie. Le spectacle est impressionnant et nous restons absorbés 4 bonnes heures avant de nous lasser, car il faut admettre que c’est un peu répétitif… (en tous cas pour nous qui n’avons pas les « codes » pour décrypter les chorégraphies de ces danses traditionnelles…).

Le soir venu, dans la ville c’est la grande parade. Les groupes de danseurs et danseuses déambulent en dansant dans les rues de la ville. Nous remarquons alors que les hommes du coin boivent beaucoup plus que les femmes et un bon nombre de danseurs ne sont  plus du tout dans le rythme…

Rassuré sur l’authenticité péruvienne, nous quittons le pays pour rejoindre la rive bolivienne du lac.

Nous arrivons en Bolivie le 6 février. Nous nous arrêtons dans un premier temps à Copacabana sur les bords du Titicaca. Le contraste avec le Pérou est saisissant. Ici, le boom touristique semble avoir entraîné une course à la construction anarchique et la majorité des bâtiments bien qu’habités ne semblent pas terminés (nous apprendrons plus tard qu’une loi bolivienne taxe les constructions terminées). A vrai dire, Copacabana ne nous enchante guère. Heureusement que l’omniprésence du lac vient sauver l’attractivité de la ville. Nous profitons tout de même du beau temps pour monter au calvaire de la ville et gravissons ainsi notre premier 4000m ! D’en haut, la vue est splendide, nous embrassons l’immensité du lac Titicaca. Nous apercevons un peu plus loin l’Isla del Sol qui est notre destination du lendemain.

26 - Le village du nord et sa plageNous débarquons au nord de l’île à 10h du matin, le ciel est dégagé et nous arrivons dans un charmant petit village. Nous souhaitons traverser l’île du nord au sud et pour cela, allons randonner quelques heures. A peine partis, nous découvrons la magnifique plage de sable blanc du village. Seule ombre au tableau, le squattage de la plage par un grand nombre de tentes ! Nous nous rendons vite compte qu’il s’agit en fait de joyeux Argentins squattant ici en jouant de la musique et faisant la fête. Le spot, il est vrai est assez magique.

Nous passons notre route et suivons une nouvelle fois un chemin inca pour rejoindre un peu plus au nord de nouvelles ruines datant de la civilisation pré-hispanique. Tout en marchant, nous découvrons les magnifiques paysages sculptés par le temps que nous offre l’île. De chaque endroit, un bout de lac est visible. Nous sommes étonnés par la couleur de l’eau. Vu d’en haut, c’est un splendide dégradé de bleus qui s’offre à nous. Nous profitons des ruines incas pour déjeuner face à un superbe panorama. Nous poursuivons ensuite le chemin plein sud pour une ballade de 3h traversant l’île. Une fois de plus, les paysages sont magnifiques ! Le lac est époustouflant et la luminosité à quelque chose de magique. Au loin nous apercevons les sommets enneigés andins culminant à plus de 6000m d’altitude. Le lac, lui, tout au long de notre promenade change imperceptiblement de ton, mais reste d’un calme et d’une majesté déconcertante. Une fois arrivés au point culminant de l’île, nous nous rendons véritablement compte de l’immensité du Titicaca. C’est une véritable mer intérieure coincée entre de multiples montagnes. Au loin, il nous est impossible de distinguer les rives du lac, comme si il était sans fin…

Nous arrivons après trois bonnes heures de marche dans le village de la partie sud de l’île. Celui-ci est un peu en hauteur et surplombe36 - 13°C, une bonne température pour se baigner le lac. Nous trouvons tout de suite un hôtel avec une superbe vue pour une bouchée de pain (6€). Il est 16h, le temps est encore au beau fixe, nous décidons donc de rejoindre les berges pour tenter une petite baignade. Et oui, on est pas venu jusqu’ici pour ne pas au moins mettre les pieds dans l’eau ! Nous descendons donc à la recherche d’une petite plage. Nous en trouvons une avec de jolis galets, et ça nous connaît les galets! Nous sommes épatés par la transparence de l’eau. C’est une eau cristalline et finalement pas si froide (13°c au thermomètre normand). C’est un peu dur de rentrer dedans, on n’y reste pas très longtemps, mais une baignade dans les eaux limpides du lac Titicaca cela se mérite quand même !

Le soir, les derniers rayons de soleil venant se réfléchir sur l’eau du lac nous offrent un magnifique spectacle. On comprend mieux pourquoi les Incas pensaient que le soleil était né au cœur des eaux du lac…  Une fois l’astre solaire couché, l’altitude se rappelle vite à nous et le froid vient nous chatouiller.

Nous ne resterons malheureusement pas plus longtemps sur les rives du Titicaca, nous reprenons la route pour La Paz où Ainhoa, une amie espagnole de Marie vivant dans la capitale bolivienne, nous attend.

C’est avec des couleurs plein la tête et sous une pluie diluvienne que nous quittons les rives de ce lac mythique qui nous aura tant enchantés…

David

 

13 février 2012

L’empire des Andes

Cusco était la principale capitale du monde inca. Malgré la volonté destructrice des colons espagnols, les traces de la civilisation préhispanique sont aujourd’hui encore très vivaces. Ainsi, tous les principaux bâtiments de la ville reposent sur des fondations incas, tout à fait reconnaissables. Il s’agit d’un enchevêtrement de pierres, énormes pour certaines, taillées semble-t-il sur mesure pour s’encastrer les unes avec les autres. En fait on peut aller jusqu'à imaginer que les Incas sont les véritables inventeurs du Tetris… Sur ces fondations qui défient le temps et les tremblements de terre (mieux que certaines constructions modernes), les espagnoles ont bâti (fait bâtir) de magnifiques églises et autres bâtiments aujourd’hui encore en parfait état, avec un charme bien spécifique dû à leur mixité.

6 - Escaliers cuscenosCusco est donc dans son centre une ville, une véritable carte postale. Une nuée de touristes se précipitent pour découvrir ses merveilles et rayonner sur la vallée sacrée Inca autour de la ville. Le point d’orgue étant, évidemment, la visite du Machu Picchu.

Mais Cusco est aussi une ville des montagnes avec de nombreux escaliers, le tout perché dans une vallée à 3300m d’altitude. Arrivant de Lima au bord de la mer, le choc a été brutal. Il nous a bien fallu deux journées pour nous acclimater à la vie sur ces hauteurs. Nous en avons donc profité pour organiser notre trip au Machu Picchu, découvrir les charmes de la cité impériale inca et même participer à une messe avec ses particularismes locaux. Derrière les habits colorés de cérémonie de certains, la majorité des personnes présentes semblait s’ennuyer fermement et n’être là que par convenance, nous avons d’ailleurs été surpris du peu de personnes allant communier. Nous avons aussi découvert un petit marché couvert bien typique où les indiennes de la région viennent vendre leurs produits.

Une fois accoutumés à l’altitude, nous partons en vadrouille, notre but étant l’ascension du Machu Picchu. L’une des sept merveilles du monde se trouve au sommet de la montagne éponyme et l’on ne peut l’atteindre que depuis le village d’Aguas Calientes. Pour rejoindre ce village, qui est en fait un parc à touristes où tout se paie le prix fort et où 99,99% de la population vit du tourisme (nous cherchons encore ce que font les 0,01% restant), il faut prendre un train à Olantaytambo à 43km de là.

Pour arriver dans ce petit village à 73km de Cusco, nous avons la possibilité de traverser la « vallée sacrée inca » qui recèle de nombreux autres sites archéologiques. Sur les conseils d’amis ayant déjà visité la vallée, nous décidons de prendre un taxi privé pour pouvoir profiter des lieux les plus reculés. Dans notre toute petite voiture, nous découvrons de magnifiques paysages aux abords de Cusco. Nous avons beau être à plus de 3000m d’altitude, de nombreux sommets surplombent la vallée.

Nous commençons nos visites incas par le site de Moray.  Ce lieu est surprenant : en pleine campagne, dans un renfoncement de terre, se trouvent trois énormes cercles creusés tels des théâtres romains. Cependant, cet endroit ne servait pas à divertir la population, mais était un lieu sacré où se pratiquaient différents rituels.

24 - Des salinières en pleine montagne, étonnant

Nous poursuivons notre visite par les Salineras de Maras à quelques kilomètres de là. Au milieu de la montagne, nous découvrons à notre plus grande surprise des salinières pré-inca. La montagne a accumulé de grande quantité de sel, à une période que personne ne semble connaître. L’eau sortant de ses flancs est chargée de grande quantité de sel. Les locaux, depuis des siècles, ont constitué à même la colline d’ingénieux systèmes de récupération des eaux par terrassement. L’eau coule continuellement et remplie les différents bassins présents sur la montagne. Se balader dans des salinières à plus de 3000m d’altitude entourés de montagnes à quelque chose de surréaliste comme les couleurs des bassins plus ou moins asséchés laissant apparaître le blanc du sel au milieu des tons marrons et rouges de la terre.

Nous finissons notre tour par la visite de la citadelle d’Olantaytambo. Ce charmant petit village en plus d’être le point de départ du train vers Aguas Calientes est surplombé par de superbes ruines incas. La citadelle qui domine la ville est particulièrement impressionnante de par ses dimensions et  la taille des pierres utilisées pour sa construction (une fois de plus E-N-O-R-M-E-S). Depuis le haut de la forteresse nous découvrons un splendide panorama sur la vallée alentour. Il est intéressant de noter qu’il s’agit de l’une des rares places inca à avoir connu une victoire sur les conquistadors.

Précisons que les conquistadors (avec à leur tête Francisco Pizarro) ont réussi la prouesse sauvage de  conquérir l’empire inca (et ses millions d’individus) en deux années seulement avec une armé forte de 150 hommes !

Cependant quelques merveilles incas sont restées inconnues des Espagnols. C’est le cas du Machu Picchu qui ne fut découvert qu’en 1911 par l’archéologue américain Hiram Bingham. Pendant plus de quatre siècles, le lieu est tombé dans l’oubli le plus total. Il faut avouer que nous ne pensions pas à ces considérations lors de notre réveil à 4h du matin avant de partir à l’assaut de ce fameux vestige…


Machu Picchu 1ère étape : départ à 4h30 du mat'

Nous partons de nuit d’Aguas Calientes afin de gravir le chemin inca qui nous mènera au sommet de la montagne. Armés de nos frontales, nous marchons une première demi-heure le long de la rivière Urubamba, qui semble déchaînée, son bruit sourd accompagnant nos pas. Nous traversons le pont surplombant le torrent et commençons l’ascension des marches incas. Il est cinq heures du matin et nous nous retrouvons parmi la petite cinquantaine de personnes qui ont décidé d’atteindre le sommet par ces escaliers escarpés et surtout très inégaux. Comme eux, nous avons délaissé l’autre option : prendre un bus coûtant 9$ par personnes…. A mesure que nous avançons, la luminosité  grandit et nous découvrons petit à petit la splendeur des paysages nous entourant. La montée se durcit et le souffle devient plus court (nous sommes partis de 2000m pour atteindre 2400m). Un petit ballet se met en place avec l’ensemble des randonneurs, chacun s’arrête pour reprendre son souffle et admirer le paysage, nous doublons et nous faisons doubler au rythme de fortes inspirations, expirations et de différentes odeurs de sudations… Avec la lumière, nous découvrons aussi les visages écarlates de bien des randonneurs !


Machu Picchu 2ème étape : sur le chemin inca

Finalement après un dernier effort, nous arrivons à 6h du matin aux portes  du Machu Picchu.

Le jour s’est levé mais le soleil n’a pas encore fait son apparition lorsque nous apercevons pour la première fois le site inca. Nous avons beau avoir vu des centaines de fois les images de cette construction mythique, nous sommes immédiatement impressionnés par la multitude de ruines, leur conservation exceptionnelle et par le panorama à couper le souffle.

A 6h30 tranquillement installés sur un ancien mur de terrassement, nous assistons, émerveillés, à l’arrivée des premiers rayons de soleil sur le pic du Huyana Picchu qui surplombe le Machu Picchu. En quelques minutes les chauds rayons de l’astre solaire illuminent l’espace et chassent les quelques nuages qui s’attardaient encore en contre-bas. Nous ne regrettons à aucun moment de nous être levé à 4h du matin et d’avoir crapahuté aux aurores car le spectacle est véritablement unique. Aucune photo ni aucun film ne peut réellement rendre compte de cet instant rare où le temps semble en suspension.


Machu Picchu 3ème étape : c'est renversant!

Le soleil étant maintenant bien présent, nous partons à l’assaut du Huyana Picchu avant qu’il ne fasse trop chaud. Il s’agit de la montagne que l’on voit en arrière plan de toutes les photos du site. Les architectes incas ont eu la surprenante idée de construire un temple en haut de ce pic. Le chemin pour y accéder est encore plus abrupt que le premier chemin inca que nous avons gravi et il nous faudra une nouvelle heure pour atteindre le sommet (à 2700m). Cette construction est irréelle, comme appartenant depuis toujours à la montagne. De chaque côté, des escaliers permettent de monter en haut des constructions. Ils sont tout simplement ahurissants tant ils sont ouverts sur le vide. Une abîme d’au moins mille mètres semble entourer la construction. Nous étions au courant que le lieu était vertigineux, il n’a clairement pas volé sa réputation. Marie, qui est sujette au vertige, a absolument voulu profiter de ce lieu incroyable.
22 -Le Huayna Picchu un site vertigineuxAprès une montée sans trop d’encombre, les vertiges l’ont rattrapée alors que nous entamions notre descente, entourés de l’abîme. Deux Américaines voyant son désarroi, lui crient des encouragements : « Yes, you can do it ! You’re doing well… » Marie, accrochée et prostrée contre la paroi, ne voulant regarder vers le vide, ne fait pas well du tout, mais est obligée d’avancer… De toutes façons, nous n’avons pas le choix, il n’existe pas d’issue de secours… J’admire son courage et sa détermination, car avec un peu d’aide, elle réussit à descendre ces escaliers infernaux face à ce précipice déconcertant. Il est important de préciser que le lieu est dépourvu de toute sécurité. La politique péruvienne est de ne pas toucher aux ruines, il n’y a donc pas de barrières à l’intérieur du site. Cette politique est un peu déroutante pour nous, mais il faut bien admettre qu’elle à l’avantage de ne pas dénaturer le lieu.

Après être redescendus du Huayna Picchu, nous profitons cette fois du Machu Picchu et déambulons durant encore deux bonnes heures entre les ruines.

Vers 14h, alors que nous nous apprêtons à sortir, la pluie fait son apparition. Nous apprenons alors d’un guide local que nous avons eu beaucoup de chance, puisque une visite ensoleillée est très rare en cette saison des pluies… Décidément, les dieux incas sont avec nous !

Nous redescendons… à pied puisque nous n’avons pas encore suffisamment marcher de la journée. Sur le chemin nous essayons de manger à la cantine des employés locaux (super plan de Pierre et Sophie), mais il est trop tard et les cuisines sont fermées. Nous descendons donc le ventre vide sous la pluie, en suivant principalement la route des bus afin de protéger nos genoux. Car pour nous, après les problèmes de genoux de Marie, le Machu Picchu était, en quelque sorte, un « juge de paix ». Au final à 16h, nous arrivons à Aguas Calientes épuisés mais ravis, d’autant plus que les genoux ont tenu le coup. Nous pouvons donc continuer encore un petit bout de chemin avant de rentrer en France et filons sur les rives du lac Titicaca…

David

PS : en quetchua, Machu Picchu signifie "vieux sommet"... 

9 février 2012

Passe le temps sur les villes d’Iquitos et Lima…

Arrivés dans le port d’Iquitos à 3h du matin, nous attendons, sur recommandation des Péruviens de bord, 4h30 pour débarquer. Un chauffeur de mototaxi est monté à bord et après lui avoir fait passer un entretient en règle, nous décidons de le suivre.

Effectivement le port avant les aurores n’inspire pas vraiment confiance. Nous montons rapidement dans notre mototaxi (un pousse-
IMG_1690pousse motorisé) et filons à travers les rues sombres des abords du port. Après 10 minutes de course, notre chauffeur s’arrête devant une bicoque en nous faisant signe qu’un des pneus est dégonflé. Notre tension monte d’un cran et nous nous demandons ce qui va nous arriver… Va-t-il vraiment nous faire le « coup de la panne » ?  Finalement, notre pilote regonfle son pneu et nous repartons à la recherche d’un hôtel. Malheureusement pour nous, ils sont quasiment tous pleins et nous ferons, grâce à notre chauffeur, pas moins de 5 adresses avant de trouver une chambre libre. Cette dernière n’est vraiment pas glamour mais après nos trois jours sur le bateau on ne va pas se plaindre.

Le lendemain, après un bon repos dans un vrai lit, nous partons à la découverte d’Iquitos. Cette ville est très étrange, elle se situe en plein milieu de la forêt amazonienne telle une balafre de 300 000 habitants. Cette ville a connu son heure de gloire au début du 20ème siècle avec l’exploitation du caoutchouc. Ainsi, quelques beaux bâtiments d’époque sont toujours présents, notamment une étrange maison en fer signé Gustave Effel , transportée après l’exposition universelle de Paris, en plein milieu de la jungle. Aujourd’hui Iquitos est une ville fourmillante de mototaxis et d’individus mais son ancienne splendeur a laissé place à une espèce d’anarchie qui n’est pas sans charme.

En effet, aux confins de l’Amazonie et sur les rives du rio Amazone, cette ville est à la croisée de multiples cultures. Lorsqu’on visite le marché de Belen aux faubourgs de la ville, cette confrontation des mondes vous saute aux yeux. On y croise, tous les  produits issus de la jungle, les multiples aliments que nous retrouvons dans tout le Pérou, et toujours, car c’est aussi une constante au 21ème siècle, de multiples produits chinois d’importation. Il faut préciser que cet immense marché est l’un des plus difficiles que nous ayons visité, entre les singes en cage, les multiples chien galeux et les enfants crasseux dormant à même les étales… Nos repères d’occidentaux ont un peu souffert.

Nous avons aussi découvert à Iquitos, un charmant « malecon » sur le front de rivière, animé le soir venu par quelques artistes de rue applaudis par un public très garni. Nous découvrons ainsi les comiques de rue péruviens que nous retrouverons tout au long de notre séjour. Il s’agit véritablement d’une spécificité de ce pays : dans chaque ville, de petites arènes permettent aux différents artistes de se produire devant un parterre local abondant. Ce particularisme local est tout à fait charmant même si il faut bien l’avouer, nous n’avons pas vraiment les mêmes références humoristiques…

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Nous profitons des terrasses de café du malecon pour rencontrer quelques Français (ahhh les terrasses de café…) et passons une une soirée à discuter du financement des ONG, de la quatrième et cinquième République et de musique française, tout ça en dégustant une bonne quantité de bières locales… 

Nous profitons de notre escale amazonienne pour aller visiter la ferme aux papillons qui se trouve à 30 minutes en lancha d’Iquitos. A l’origine, il s’agit d’un centre de préservation des papillons mais depuis quelques années, il s’est aussi transformé en véritable refuge pour tous les animaux maltraités de la région. Ainsi nous avons pu voir de nombreux et magnifiques papillons à toutes les étapes de leurs vies (œufs, chenilles, chrysalides, papillons). Leurs tailles et leurs couleurs nous ont éblouis. Nous avons pu aussi voir un jaguar (qui n’est définitivement pas un gros chat mais plutôt un tigre), un ocelot (qui lui est plus un gros chat carnivore), des paresseux, de multiples singes et j’en oublie. Ce lieu sylvestre appartient à une Autrichienne qui vit ici depuis plus de 30 ans et qui s’apparente un peu à la Diane Fosset des papillons.soirée à discuter du financement des ONG, de la quatrième et cinquième République et de musique française, tout ça en dégustant une bonne quantité de bières locales…

Notre courte étape à Iquitos prend fin et nous prenons un vol le 27 janvier pour Lima, la capitale péruvienne. Nous ne resterons qu’une journée dans la mégalopole puisque le lendemain, nous reprenons un avion direction Cusco. Nous avons donc mis à profit notre peu de temps sur place pour découvrir le quartier chic de Miraflores où de nombreux parapentistes flirtent avec les buildings et jouent au dessus du Pacifique.
Nous avons dégusté dans ce quartier de succulents céviches, la spécialité locale (merci Yann pour le plan…). Il s’agit de différents poissons crus marinés dans du jus de citron… Mmmm, un vrai régal. Nous avons filé ensuite au centre de la ville et avons été agréablement surpris par sa beauté. En fait, Lima a été en quelque sorte, la capitale du monde colonial hispanique et de nombreux bâtiments, fort bien conservés témoignent de cette situation privilégiée.

Nous n’avons pas eu le temps de mieux visiter cette ville, qui mérite certainement plus qu'une journée.Mais d'autres visites nous attendent et nous nous envolons vers Cusco, la capitale impériale inca… 

David

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3 février 2012

Envoûtante Amazone

Le 18 janvier, nous arrivons à Leticia, ville de l’extrême sud de la Colombie, en plein milieu de l’Amazonie, à la croisée des frontières péruviennes et brésiliennes. C’est au travers le hublot de l’avion que nous découvrons le premier aperçu de cette gigantesque forêt amazonienne : de vertes étendues à pertes de vue, tellement immenses que les autorités ont renoncé à construire une route pour relier Leticia au reste du pays. Si ce n’est par avion, l’accès pourrait se faire en bateau en sillonnant les rivières de la forêt ,pendant plusieurs mois…

2 - Marché de Léticia qui descend jusqu'au fleuveLoin de tout, perdue, esseulée, Leticia n’est pourtant pas un village fait de huttes en feuille de palmiers ni une ville oubliée de l’époque moderne. On y trouve des magasins qui vendent des produits importés de Chine (toujours et encore), des restos qui vous préparent du poisson de l’Amazone (délicieux), des hôtels roots et moins roots, des motos plus que des voitures, un musée même, et surtout… des pirogues.

La présence de l’Amazone aux abords de la ville nous rappelle que la vie ici existe essentiellement grâce au fleuve. Sur les quais règnent une grande animation. Les enfants pêchent, jouent dans l’eau, ou conduisent les pirogues comme s’ils faisaient du vélo… Les hommes débarquent des marchandises, jouent aux cartes dans des bars qui flottent sur l’eau, ou conduisent les passagers en pirogue sur l’autre rive… Eh oui, il suffit de traverser le fleuve pour se retrouver de l’autre côté au Pérou !

Nous partons à la recherche des informations dont nous avons besoin pour notre prochaine traversée. Nous souhaitons rejoindre la ville d’Iquitos au Pérou, à 350km de Leticia à vol d’oiseau. Deux possibilités s’offrent à nous :

-  1° la version courte, prisée par les touristes, un bateau express qui vous amène à Iquitos en 10h

-  2° la version longue, prisée par les locaux car moins chère, un bon vieux rafiot qui transporte passagers et marchandises et qui vous amène à Iquitos en 3 jours…

Inutile de vous dire quelle formule nous choisissons… Nous préférons évidemment prendre le temps d’admirer la vie de l’Amazone. Le prochain bateau part le lendemain soir. Nous décidons qu’il sera nôtre et nous préparons au départ. Il nous faut trouver des hamacs, car évidemment ce n’est pas le Costa Concordia (enfin heureusement finalement…) et les cabines personnelles n’existent pas. Chacun apporte son lit, c’est-à-dire son hamac, et l’accroche sur le ponton. On fait aussi quelques provisions de fruits car on ne sait pas à quoi ressemblera la nourriture sur le bateau… Mais l’essentiel de notre ravitaillement se résume surtout à de l’eau. « Aman iman » comme disent les Touarègues, « l’eau c’est la vie ».

Nous sommes prêts à partir, mais c’est sans compter une imprévisible et fulgurante tourista (la première du voyage) qui va frapper 8 - Notre bateau, le Carlos Antonio 2David durant la nuit… Inutile de partir malade. Nous repoussons donc le départ, le temps que David récupère. Le samedi 21 janvier, nous quittons finalement la Colombie en prenant une première pirogue qui nous emmène de l’autre côté du fleuve, à Santa Rosa au Pérou. De là, nous monterons dans un plus gros bateau qui nous emmènera jusqu’à Iquitos.

C’est un espèce de vieux rafiot et il n’est pas daté de la dernière pluie (tropicale) mais on a déjà hâte d’y monter pour nous y installer, nous et nos hamacs. L’équipage s’occupe de monter les marchandises à bord (du poisson surtout, mais aussi des cochons qui nous rejoindront plus tard dans la traversée en plus de quelques stères de bois…). Nous choisissons le 2e pont, celui du haut. Il n’y a encore pas grand monde et nous nous installons à côté d’une jeune péruvienne qui esquisse un sourire en nous voyant guerroyer pour accrocher nos hamacs. Ben oui, c’est qu’on n’a pas l’habitude… Après avoir été retardés par une pluie tropicale (heureusement, il y a un toit au dessus du ponton), le bateau se met en branle, les machines poussent leurs premiers ronrons et nous nous élançons dans la nuit noire sur l’Amazone. 

Le premier réveil est surprenant. A 6h, la musique rugit à fond les manettes. Les enceintes du bar sur le pont vont fonctionner à plein régime toute la journée. Malheureusement, c’est une véritable bataille sonore qui va s’opérer : les enceintes de la télé (oui il y a une télé !) de l’autre côté du pont, vont aussi sonoriser la moitié du bateau. Nous qui pensions trouver le calme de la navigation, c’est une cacophonie à laquelle nous ne nous attendions pas ! Mais le son ne gâche en rien la vue et ce premier réveil nous offre des scènes de vie amazonienne étonnantes. Nous admirons de grands oiseaux blancs se poser sur les arbres et les chorégraphies de quelques dauphins roses, une espèce qu’on ne trouve qu’ici. Dans le petit village où le bateau s’arrête pour récupérer des passagers et déposer des marchandises, nous apercevons quelques femmes laver le linge dans la rivière, des enfants conduisant des pirogues, des pêcheurs…

15 - Village isoléTout au long de la traversée, nous longeons une des deux rives du fleuve, de sorte que nous gardons à distance d’œil raisonnable tout un tas de curiosités à regarder. De notre hamac, c’est un spectacle permanent. Nous découvrons au fil de l’eau des habitations aux toits de feuilles de palmes, des maisons sur pilotis, des maisons flottants sur des rondins de bois, toutes dans des endroits improbables, bien loin des premiers villages. Nous écoutons les oiseaux, regardons les épais feuillages et voyons de grands arbres se détacher, parfois, d’une ligne horizontale trop droite. L’eau et la forêt nous entourent à perte de vue.

Le premier coucher de soleil est magnifique. Encore plus belles que celles de la journée, les couleurs sont roses, vertes et jaunes et se reflètent dans l’eau marron du fleuve. On a envie que le bateau ne s’arrête jamais ! Les jours passent mais ne se ressemblent pas. Dans l’espace confiné du bateau, nous faisons connaissance avec quelques passagers péruviens. Une famille venue s’installer à côté de nous, nous offre de belles tranches d’ananas frais pour sceller notre nouveau voisinage. En contre-partie, nous apprenons à jouer au UNO à leurs enfants, ce qui ne manque pas d’attirer quelques regards curieux… Nous sommes les seuls étrangers sur le bateau et ne sommes pas marginalisés sinon vite intégrés au reste des passagers. Un vieux monsieur nous fait goûter au « raisin d’Amazonie », des grappes violettes mais plus grosses avec un seul pépin à l'intérieur... Nous discutons avec Nestor, 49 ans, qui a visité de la famille sur le fleuve et rentre à Iquitos.

40 - Dernier couché de soleil

La seule chose que nous ne partagerons pas avec les locaux sera… l’usage de la douche. Nous avons abandonné tout espoir de nous laver pendant 3 jours dès le moment où nous avons compris que l’eau venait directement du fleuve et qu’en plus, la pomme de douche (enfin, le tuyau) était situé juste au dessus de la cuvette des chiottes. Les toilettes-douches on en a fait pas mal jusqu’ici, mais là, c’est particulièrement corsé…

Nous arrivons à Iquitos dans la nuit du 23 janvier. Tour à  tour, les passagers viennent gentiment nous prévenir : « Attention à vos sacs quand vous descendez du bateau, il y a beaucoup de voleurs. Il vaut mieux attendre que le jour se lève pour quitter le navire. » Bon. Nous attendons donc 4h30 pour sortir avec nos sacs. Il fait encore un peu nuit mais un taxi est venu nous trouver sur le bateau et nous propose de nous emmener à l’hôtel que nous avons repéré dans le guide. Après un interrogatoire en règle, nous décidons de faire confiance au taxi et le suivons dans la nuit.

Nous quittons le bateau et sa traversée extraordinaire. L’Amazone nous aura laissé un souvenir impérissable. Un bout de voyage magique et mémorable.

Marie

 

 

24 janvier 2012

Péripéties aériennes et culinaires au nord de Bogota

Nous sommes donc arrivés à Bogota le 30 décembre, pour raccompagner Elise à l’aéroport  et découvrir la capitale colombienne.

Le centre historique est minuscule, tandis que la ville elle, s’étend très largement sur toute une vallée entre deux montagnes. Nous sommes à 2 600m d’altitude : on le ressent en remontant la rue de notre petit hostal, dans le quartier de la Candelaria. La pollution aussi, se ressent… Avec ses 8 millions d’habitants et leurs milliers de véhicules, l’air de Bogota est saturé et presque parfois irrespirable.

Cela ne nous empêche pas, les premiers jours, d’arpenter les rues pour visiter la ville : sa cathédrale, son marché aux frippes, ses restaurants, ses musées… Le musée Botero notamment, présente les tableaux du célèbre peintre colombien encore vivant aujourd’hui. Son style, marqué et inaltérable, représente de grosses femmes ou gros hommes bien potelés, mis en scène dans des décors de la vie de tous les jours. Intéressant mais rébarbatif… Heureusement, l’artiste a fait don à son musée d’une partie de sa collection personnelle. On découvre alors, bien étonnés de les voir ici, quelques Renoir, Monet, Matisse, Picasso, Calder, Miro, Léger, Giacometti…

Le 31 décembre, nous sommes conviés à un dîner offert par le propriétaire de l’hostal. Nous dégustons un « tamal », un plat typique 100_0026
colombien : du riz et du poulet épicés cuits dans une feuille de bananier. Le dîner est international et quasiment tous les continents sont représentés. Nous lions connaissance avec un japonais, une américaine, une colombienne et deux argentins avec qui nous passerons le reste de la soirée, agrémentée de salsa et de feux d’artifice… Il faut avouer qu’on sera plus doué à regarder le feu d’artifice qu’à danser la salsa…

Notre séjour à Bogota, s’il est ponctué de visites et rencontres (inter)culturelles, est aussi ponctué de visites médicales. La rhumatologue que nous avions vue à Carthagène lors de mon dernier épanchement de synovie, nous avait conseillé d’aller voir un spécialiste à Bogota, qui nous avait-elle dit, « a fait ses études en France. Vous allez bien vous entendre. » Le Dr Mantilla est malheureusement en vacances et nous devons attendre plusieurs jours avant de le rencontrer. Bloqués à Bogota, nous commençons à avoir le moral en berne, surtout que nous présageons ce que va nous dire le docteur… Le retour en France pourrait se faire bien plus tôt que prévu… Entre temps, nous apprenons que le sac que nous avions donné à Elise avec une grande partie de nos souvenirs et cadeaux de voyage a été volé… Merci Iberia. Pour nous consoler, nous téléchargeons donc sur internet des séries débiles mais drôles, construisons un scrabble maison et nous préparons de bons petits plats français dans la cuisine de l’hostal. Ben oui, ‘faut au moins ça…

Au bout d’une semaine d’attente, nous rencontrons enfin le docteur et lui exposons les faits. La spondylarthrite se fait capricieuse et n’est plus stoppée par aucun des médicaments qui m’ont été prescrits en France. Les épanchements de synovie sont récurrents sur les genoux et arrivent quasiment toutes les 3 ou 4 semaines. J’ai des douleurs au dos et au bassin, bref, tout ça n’est pas très positif ! Le docteur est en effet perplexe et nous recommande fortement d’écourter notre voyage. Selon lui, il faut un traitement plus fort et mon cas nécessite un suivi régulier en France. En gros, retour au bercail ma cocotte ! La pilule a été dure à avaler, mais elle est finalement passée. En accord avec le docteur, nous décidons de ne pas prendre le prochain avion pour Paris, mais de rester encore un mois. Le docteur, très sympa, propose de nous offrir un médicament qui me permettra de « tenir » ces dernières semaines. On m’en avait déjà parlé en France, ça s’appelle la bio-thérapie, et ça n’a absolument rien de bio malheureusement, mais tout de chimique. En tous les cas, ces petites injections ont pour l’instant l’air de fonctionner.

Comme on n’est pas de ceux qui se laissent abattre si facilement, nous décidons, après ces 10jours coincés à Bogota, de partir plus au nord, dans les régions montagneuses de Boyaca et Santander pour fuir la pollution de la capitale, retrouver la tranquillité des petits villages de montagne et tout simplement, changer d’air.

Nous découvrons donc Villa de Leyva, un petit bourg aux accents coloniaux. Encore un. Nous nous arrêtons dans une guest-house super sympa, tenue par un couple austro-colombien, qui ouvre sa maison aux voyageurs de passage et partage sa cuisine et ses soirées au coin du feu avec les étrangers. On élit définitivement la chambre comme la meilleure depuis le début du voyage : super lit, salle de bain privée, eau chaude et terrasse avec vue sur la montagne… Le pied ! Et tout ça pour la modique somme de 18 euros. Deuxième grand plaisir : nous découvrons la boulangerie de la ville tenue par un Français… Autant vous dire qu’on s’y dirige illico pour acheter une baguette, un croissant aux amandes et un éclair au chocolat… Le pied encore !

DSC_0031Après avoir profité pendant 3 jours des plaisirs de Villa de Leyva, nous partons vers une autre ville, plus grande et plus au nord, San Gil. Dans l’hôtel où nous arrivons, c’est un peu la colonie de vacances… A peine assis, on nous propose toutes les activités qu’offre la région : canyoning, spéléo, canoé, parapente, rando, cheval, rafting… David est évidemment prêt à tout essayer tandis que j’émets quelques bémols… « C’est dangereux chéri quand même non ?… »  Finalement, on se laisse tenter par ce qu’on avait tous les deux envie de faire depuis longtemps : un saut en parapente ! Cette première expérience de 20mn au dessus des montagnes et des cultures de café de la région est tellement concluante et impressionnante que nous décidons d’en faire un 2e… Et là c’est encore plus impressionnant. Nous allons survoler le canyon de Chicamocha, à 2500m d’altitude. Pour cela, il nous faut littéralement nous jeter dans le vide du canyon, avant de remonter grâce aux courants ascendants chauds. 40mn pleines d’adrénaline… Enfin, ça dépend pour qui ! David, imperturbable, prend des photos comme s’il était normalement assis dans un fauteuil bien confortable face à un beau paysage, tandis que j’éprouve quelques suées dues au vertige… Mais le jeu en vaut la chandelle : c’est juste magique de voler comme un oiseau!

Pour nous (me) remettre de nos (mes) émotions, nous partons tranquillement découvrir le lendemain un autre petit village sur les DSC_0007hauteurs de San Gil, Barichara. Plus petit, plus chou, c’est dans ce petit havre de paix que nous allons pouvoir déguster une des spécialités du coin : les fourmis culonas ! Au restaurant, on nous recommande les « Albondigas con salsa de hormigas » (boulettes de viande sauce fourmis). Ok, on prend… Eh bien figurez-vous que c’est assez goûtu. Après la couche craquante de la carapace, on découvre qu’elles ont, à l’intérieur, le goût de foie de veau… « Tiens, Pierre, c'est étrange, y’a comme une 2e couche à l’intérieur… » Heureusement, c’est meilleur que le kloug et ce n’est pas roulé sous les aisselles. La sauce a un petit goût bien relevé, et avec la purée de yuca, c’est délicieux.

Dans le genre spécialité locale, nous avons aussi testé dans un autre petit village du coin, les tripes de bique. Celles-là, nous vous les déconseillons fortement… C’est à peu près comme si vous vous mettiez un fromage de chèvre de 30 ans d’âge dans la bouche… C’est ça, vous ne pouvez pas la refermer…

Avec toutes ces péripéties aériennes et culinaires, autant vous dire que nous avons eu notre dose de découvertes dans les montagnes de Boyaca et Santander… Le 17 janvier, nous rentrons donc à Bogota, le moral remonté, pour y prendre un avion qui nous emmènera à Léticia, tout au sud du pays, en plein milieu de l’Amazonie. De là, nous remonterons le fleuve Amazone pour atteindre la ville d'Iquitos, au nord du Pérou. Un passage qui nous fait rêver depuis bien longtemps... 

Suite des aventures au prochain épisode...

Marie

 

17 janvier 2012

Café, truite, cheval… et bus évidemment !

Le 26 décembre, après avoir passé Noël à Medellin, nous avons repris la route pour quelques kilomètres de plus. Nous descendons vers la vallée du café, une région montagneuse au centre de la Colombie où nous avons prévu de visiter une plantation de café et de faire une petite rando à cheval dans le joli village de Salento… Beau programme en perspective mais qui se mérite…

Pour aller jusqu’à Salento, nous devons d’abord prendre un bus qui nous emmène à Armenia, puis faire un changement pour arriver à destination. Rien de plus facile me direz-vous. Nous avons déjà traversé des frontières sur des ponts brinquebalants, dormi dans des bouibouis habités par des rats, évité de peu les attaques de singes voleurs dans la jungle et passé 10h d’affilées dans un bateau à moteur sur une mer bien agitée… alors 6h de bus avec un changement, ce n’est pas ça qui peut nous faire peur ! Et pourtant…

DSC05830Quand une compagnie de bus colombienne vous annonce 6h de voyage, sachez qu’il faut revoir les prévisions à la hausse. En général, les faits confirment qu’on peut presque compter le double. Vérifiable dans le cas de ce voyage ? Oui. Notre première étape pour aller jusqu’à Armenia ne se fera pas en 5 heures mais en 9 heures… Sur la route de montagne, on croise des tracteurs, des camions de chantiers qui n’avancent pas, des chantiers fermés qui même fermés ralentissent le trafic, des virages à n’en plus finir, des passagers qui s’arrêtent pour descendre au milieu de nulle part (le concept « arrêt de bus » n’existe pas en Colombie, chacun fait arrêter le chauffeur où il souhaite)… Bref, un trajet in-ter-mi-na-ble.

A 22h nous arrivons enfin au terminal de bus d’Armenia. Evidemment, nous avons raté notre connexion pour Salento, il n’y a plus de bus à cette heure tardive. Evidemment, comme dans n’importe quelle ville d’Amérique centrale ou latine, il est déconseillé d’arriver de nuit et de traîner dans une gare de bus. Et évidemment, nous arrivons dans une des seules villes de Colombie que le Lonely Planet décrit comme « un point de transit très peu recommandable ».

Action-réaction. Nous nous engouffrons rapidement dans un taxi pour gagner le seul hôtel mentionné par le guide. Une fois dans le taxi, on se rend compte qu’on a oublié un sac dans le bus. David part en trombe le récupérer et va voir le monsieur de l’accueil de la gare qui va chercher le collègue du chauffeur de bus, qui va lui-même réveiller le chauffeur de bus qui dort dans la pièce de repos des femmes de ménage… Le concept « d’objets trouvés » ne semble pas non plus exister en Colombie! Que chacun s’occupe de ses affaires que diable ! Mais pendant ce temps là, le chauffeur de taxi s’impatiente… Au bout de 10mn, il nous demande bien gentiment mais bien fermement à Elise et moi de sortir du taxi car il perd du temps inutilement et ne va pas attendre toute la nuit qu’on récupère un sac dont il n’a, lui, absolument rien à secouer. Autrement dit « dégagez de mon taxi ».

Une fois que David a récupéré le sac et que nous avons récupéré David, nous nous réfugions donc dans un autre taxi pour gagner l’hôtel. Epreuve cette fois-ci réussie. A travers les vitres de la voiture, la ville d’Armenia n’incite effectivement pas au tourisme by night. Alors qu’on n’a pas encore mis un pied sur le trottoir, l’ambiance qui se dégage de la rue est plutôt drogue, casino et prostitution. Un bon slogan pour une office du tourisme…

22h30. Avec toutes ces heures à rallonge de bus, nous n’avons quasiment rien mangé de la journée et sommes un peu affamés. Nous demandons à la réceptionniste – charmante - s’il n’y a pas un coin tranquille et proche de l’hôtel où nous pouvons nous restaurer. « Si, si, nous répond-elle une première fois. A quelques rues d’ici il y a des grillades. » Mués par la faim, nous nous apprêtons à sortir quand elle revient vers nous et nous dit : « En fait, je préfère que vous ne partiez pas seuls. Le vigile de l’hôtel va vous accompagner. » Nous tournons la tête et découvrons le vigile : la cinquantaine, le cheveu grisonnant, chemise, jeans, blouson de cuir et … batte de base-ball à la main…! Un moment déconcertés et interloqués, nous décidons de suivre pas à pas notre ami vigile qui a finalement caché son arme sous sa veste. Dehors, l’ambiance est effectivement peu avenante. Notre ami salue la moitié des gens sur son passage, on ne sait pas trop s’il vaut mieux prendre peur ou se réjouir de ses connaissances… Nous arrivons finalement au bouiboui à grillades et invitons notre sauveur à dîner. Le ventre plein, nous rentrons à l’hôtel, décidés à quitter la ville aux aurores.

DSC_0434 Jeudi 27 décembre, nous arrivons finalement à destination, dans la petite ville de Salento. Les 6h de bus promises par la compagnie sont bien loin… Mais peu importe, nous sommes heureux d’être enfin arrivés (sains et saufs devrait-on ajouter ?). Nous sommes au milieu des montagnes, les paysages sont magnifiques, nous avons retrouvé l’air pur et allons découvrir comment se cultive le café dans ces zones montagneuses. Nous nous rendons directement à la plantation de café (« finca » en espagnol) que nous avons repérée et, chanceux que nous sommes, une visite guidée est justement prévue. Il s’agit en plus d’une visite de la partie « bio » de la plantation (une minuscule partie sur toute la production).

Andrés est notre guide. Il connaît son métier et en connaît aussi un rayon sur l’histoire et la culture du café. Ici, comme dans toute l’Amérique centrale, on cultive des variétés d’arabica qui se plaisent entre 600 et 2000m d’altitude, le robusta étant surtout cultivé près du niveau de la mer en Afrique Noire, au Brésil, en Indonésie ou au Sri Lanka. Avant les conquistadors espagnols, point de café sur le continent. La Colombie commence à produire à la demande des colons au 18e siècle et deviendra même premier producteur mondial au début du 20e, basant quasiment toutes ses exportations sur cette seule production (ce qui lui vaudra bien des déboires économiques quand les prix du café chuteront lors de la première grande crise économique de 1929).

DSC_0462Les caféiers poussent à l’ombre d’autres arbres, eucalyptus, bambous, orangers, avocatiers… Dans cette petite plantation bio, pas d’engrais évidemment. Pour contrer les attaques d’insectes, Andrés plante des pieds de tabac. Les nuisibles raffolent de cette plante et préfèrent s’attaquer à celle-ci plutôt qu’au café. Les récoltes (août-décembre) se font quand les graines de café sont devenues rouges. On les fait ensuite sécher avant d’extraire la graine de la petite coque qui l’entoure. Après ça, il faut encore la laisser dans l’eau pour séparer les bonnes graines des mauvaises graines. Et une fois tout ça terminé, reste encore une étape primordiale : la torréfaction. Les graines doivent être grillées avant d’être moulues et enfin consommées. Un processus long et complexe… Pensiez-vous à ça en buvant votre café le matin ? Moi pas du tout… La prochaine fois que vous buvez un café bio, faites-moi plaisir, dégustez-le !

Salento est donc célèbre pour ses plantations de café mais aussi pour ses balades à cheval… que nous ne manquons pas d’expérimenter. Après la dégustation d’une truite gratinée au fromage (la 3e spécialité de Salento), nous avons rendez-vous l’après midi avec Don Alvaro, connu pour avoir les meilleurs chevaux du village. Effectivement, nous ne sommes pas déçus ! Les chevaux sont extrêmement bien dressés, répondent au quart de tour et sont de vraies fusées ! Nous descendons par un chemin abrupt (et ce n’est 

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pas un euphémisme !) dans une vallée verdoyante entourée de montagne. La rando dure 3 heures et est ponctuée de quelques galops effrénés… Ce n’est pas les grands galops mongols que nous avons déjà connus mais on arrive quand même à faire la course et à faire rire Don Alvaro qui n’a pas l’habitude de voir des cavaliers aussi à l’aise… Elise et David sont en tête évidemment, moi je me sens de plus en plus à l’aise sur un cheval mais pas encore autant que Lucky Luke. Elise conquit Don Alvaro et se voit encore une fois (après la Mongolie) proposer un job d’animatrice de rando à cheval à Salento. Elle décline l’offre car elle doit malheureusement reprendre son avion deux jours plus tard…

Après la rando à cheval, la rando à pied. Le lendemain, nous découvrons la vallée de Cocora, ses palmiers et ses rivières. Au détour de trois sapins et deux palmiers, on manque de perdre Elise qui a suivi un chien au lieu de suivre le chemin… Petite frayeur la veille de son départ ! Au retour, on savoure les bons petits plats de Don Lucia, meilleur resto du village, avant de reprendre la route pour une nuit de bus vers Bogota. Nous raccompagnons Elise qui doit reprendre son avion le 30 décembre. Snif. A contre-cœur nous quittons les plaisirs de Salento… Snif encore.

Marie

 

15 janvier 2012

De la côte caraïbe au centre de la Colombie

Carthagène est l’une des plus grandes villes de la côte Caribéenne. Ville et port en plein développement, la ville compte aujourd’hui environ 1,5 millions d’habitants. Cependant ce qui rend incontournable cette ville pour les voyageurs n’est pas cet essor économique, mais son centre historique de style colonial en parfait état. 

voyage 305 Derrière d’épais remparts se cache la vielle ville. Sa découverte est un véritable saut dans le temps. Les grandes battisses coloniales de couleurs chamarrées s’enchaînent sous nos yeux émerveillés. Des calèches proposent aux touristes d’effectuer le tour de la ville et si les enseignes des magasins ne nous étaient pas si familières (Zara, Desigual…) nous aurions pu nous imaginer quelque 200 ans en arrière.

Nous sommes logés dans le quartier de Getsemani, à deux pas du centre ville. C’est le lieu où les auberges de jeunesse se trouvent. Il s’agit aussi de bâtiments de style colonial, mais le fait d’être dans un quartier populaire rend le lieu encore plus magique, car il y a une vie, un souffle qui passe entre les murs et rend l’ambiance exquise (superbes graffitis, rassemblement nocturnes sur la place de l’église pour jouer au fout ou danser la salsa…), contrairement à l’ambiance feutrée et papier-mâché du centre ville historique.

Nous effectuons un tour de la vieille ville sur les remparts pour constater l’étrange contraste entre la modernité des constructions qui s’étendent alentour et le centre historique. En face d’une petite église, nous débusquons une boulangerie (pas française mais très DSC_0343bonne) : leurs tartes, pâtisseries et jus de fruits frais nous enchantent… Nous devenons en un instant de fidèles clients.

Fidèles oui, car nous nous sommes attardés un peu plus que souhaité dans cette belle ville de Carthagène. En effet, le genou droit de Marie ayant regonflé suite à notre traversée épique du Panama, il nous a fallu trouver un bon rhumatologue. Au final, nous repartons avec un genou toujours gonflé… Face la répétition des inflammations, la médecin n’a pas souhaité effectuer de nouvelle ponction (non salutaire si le genou en subit trop souvent) et a prescrit à Marie de la cortisone par voie orale pour faire fondre le gonflement (ce qui a plutôt bien fonctionné). Elle nous a aussi fortement incité à aller voir un spécialiste à Bogota pour résoudre le problème, bien trop « récurrent » à son goût.

Après trois jours dans la cité, le rendez-vous rhumatologue terminé, nous décidons de partir le lendemain matin une fois notre linge récupéré à la laverie. Mais là, l’impensable se produit et une coupure d’eau généralisée paralyse la ville et notre linge par la même occasion. Sans culotte, sans chemise, sans pantalon, nous sommes bons pour patienter un jour de plus… Heureusement nous avons recroisé par hasard Yoann et Lara, et passerons donc pas mal de temps à jouer au tarot, protégés du soleil. La chaleur dans la ville est tellement écrasante la journée qu’il vaut mieux vos se trouver à l’ombre pour affronter les heures chaudes…

Le lendemain matin, l’eau n’étant toujours pas revenue nous décidons de partir tout de même, avec nos guenilles et notre sac de linge sale, pour rejoindre Taganga.

DSC05799 Taganga est une petite station balnéaire, au bord de la mer des Caraïbes. Les constructions, certes en béton et pas très belles pour tout dire, n’ont encore rien à voir avec nos stations balnéaires et leurs grands immeubles en front de mer. Ici, l’esprit des îles souffle, et même si il y a un fort développement touristique, la folie ne semble pas s’être emparée des locaux. Taganga n’est pas encore Saint Trop’ et reste un petit village tranquille. Mais pour combien de temps ? Nous apprécions le lieu et l’air frais qui s’y trouve après l’étouffante Carthagène et regrettons aussitôt de ne pas être arrivé plus tôt. Notre court passage sur la côte (1,5 jours) nous permet tout de même de découvrir les fonds marins caribéens lors d’une plongée d’initiation.

Nous partons plonger dans la grande bleue avec une belle petite surprise. En effet, en Colombie, les baptêmes de plongée se font avec un moniteur pour 4 personnes dans l’eau, d’où une liberté de mouvement extraordinaire (rien à voir avec la Croatie et le moniteur IMGP1146vissé à la bouteille pour ceux qui l’ont vécu). Elise, Marie et moi avons donc tranquillement palmé pour découvrir de jolis coraux (pas aussi colorés qu’à Mayotte), de beaux poissons multicolores, une petite murène et de jolies rascasses.

Ravis de notre plongée, nous basculons vite dans le stress… Il est déjà 18h, nous sommes toujours sur l’eau et nous devons prendre un bus à 19h30 à Santa Marta.... Nous mettons donc un peu de pression aux instructeurs pour rentrer à bon port. Nous arrivons finalement à terre à 18h30 et après un changement express (j’en ai perdu mon maillot !), nous sautons dans un taxi pour rejoindre le terminal de bus de Santa Marta.

Nous sommes déçus de quitter la côte si rapidement car nous n’avons pas eu le temps de découvrir le parc naturel de Tayrona et ses richesses. Mais il nous faut être à Bogota le 30 décembre (pour ramener Elise) et nous voulons avoir le temps de visiter Medellin et la zone du café. On ne peut malheureusement pas tout faire…

Après 17h de voyage, nous arrivons finalement à Medellin le samedi 24 décembre à 12h. Ce soir c’est le réveillon de Noël et nous ne sommes pas très avancés sur ce que nous allons faire. Nous trouvons refuge dans l’hostel Kiwi, une usine à backpacker du Lonely Planet. Ce n’est pas le type d’auberge que nous préférons mais bon, il nous faut skyper la famille pour partager un peu avec chacun ce réveillon tropical. Magie de skype et de la vidéo, nous nous incrustons un petit moment dans les salons familiaux pour partager une bribe de nos chaleureux réveillons de Noël. Nous nous retrouvons un peu seuls et dépourvus suite à ces coups de fil et décidons de partir rechercher un restaurant pour réveillonner nous aussi. Finalement, nous le passerons dans un café-brasserie en compagnie de bouteilles de vins et de délicieux sandwichs !

DSC_0415Le lendemain, jour de Noël, nous décidons de visiter la ville. Ce n’était certainement pas l’idée du siècle puisqu’une grande ville un jour de Noël, c’est froid et un peu triste, il n’y a pas vraiment de vie, tout le monde étant en train de célébrer l’événement dans sa famille.

La ville avec ses briques de pierres rouges virant au rose sous le soleil a un côté toulousain, mais est encastrée dans la montagne et en beaucoup plus grand.

Le jour suivant, nous partons visiter Santa Fe de Antioquia. A deux heures de route, nous découvrons une charmante petite ville coloniale d’un blanc immaculé le tout perdu dans la montagne. A notre retour, nous profitons de l’obscurité pour découvrir Medellin de nuit avec ses superbes illuminations de Noël. La vie est de retour et les illuminations sont grandioses, de quoi nous donner une autre image de la ville avant de la quitter pour rejoindre la zone du café…  

David 

7 janvier 2012

Comment passer du Panama à la Colombie en 5 jours…

Tous les baroudeurs d’Amérique vous le diront, le passage de frontière le plus compliqué du continent se trouve entre le Panama et la Colombie. La panaméricaine n’ayant pas été construite à cette endroit, il n’y a quasiment pas de passage terrestre. Enfin il existe bien des sentiers traversant la jungle, mais cette dernière est remplie de guerriers et trafiquants en tout genre…

Le passage se fait donc par avion ou bateau. Enfin « bateau » c’est un bien grand mot, n’allez pas vous imaginer des ferry de la SNCM reliant les deux pays. Il s’agit de nos bonnes vieilles lanchas croisées précédemment. Vous l’aurez donc compris, nous avons choisi l’option maritime pour notre périple. Et périple n’est pas un vain mot, puisque depuis Bocas del Torro jusqu’à Carthagène nous avons mis pas moins de cinq jours quand un avion met deux heures en comptant l’escale à Panama Ciudad. 

avion croix La frontière entre les deux pays se franchit depuis un petit port tout au Sud du Panama dans la province du Darien : Puerto Obaldia. Trois fois par semaine des vols depuis la capitale panaméenne desservent ce petit port qu’aucune route terrestre ne permet de rejoindre. Etant donné que les réservations par internet ne fonctionnent pas avec Air Panama, nous nous sommes empressés de nous rendre à l’aéroport de Bocas del Torro pour obtenir les billets convoités. Première déconvenue : les vols pour Puerto Obaldia sont tous complets jusque début janvier.

Nous décidons tout de même de partir pour Panama City en espérant trouver un vol. Après une journée et une nuit de bus depuis l’archipel du nord (avec une pause pluvieuse dans la ville de David qui n’est vraiment pas glamour) nous arrivons dans la capitale panaméenne. On nous confirme que malheureusement, il n’y a aucun billet de disponible ni pour Puerto Obaldia ni pour les autres villes côtières d’où nous aurions pu prendre une lancha pour rejoindre le village frontalier. Nous pensons un instant acheter un billet d’avion direct pour Carthagène mais les prix nous refroidissent (minimum 300€ par personne), nous cherchons donc un autre moyen. 

Nous savons que quelques lanchas partent de l’archipel des San Blas pour Puerto Obaldia, mais nous n’en savons pas plus (fréquence,DSC05742 prix, lieu de départ...), sans compter qu’il faut s’y rendre aux îles San Blas ! Au terminal de bus, on nous informe qu’aucun bus ne dessert le lieu, mais qu’en allant sur une place du centre-ville, nous pourrions trouver plus d’informations. Nos espoirs reposent donc sur ces informations quelque peu sommaires… Nous prenons un taxi pour nous rendre sur cette place. En discutant avec le chauffeur celui-ci nous apprend qu’il connaît un lieu d’où nous pourrons de façon certaine nous rendre aux San Blas. Nous commençons à voir la chance tourner et nous rendons donc au lieu indiqué par le chauffeur. Sur place un homme nous informe qu’il peut effectivement nous y emmener et appelle un de ses contacts pour savoir si un bateau part prochainement pour Puerto Obaldia. Coup de chance, un bateau par le lendemain de Carti. Le prix de la traversée est de 100$ par personne auquel nous devons ajouter les 25$ du transport jusque Carti. Nous tentons une négociation tarifaire puisque nous sommes trois mais l’interlocuteur au bout du fil ne veut rien entendre. Nous sommes confrontés pour la première fois à l’intransigeance des « Kunas ». [Ci-dessus: attente du 4x4 à Panama Ciudad...]

En effet, nous apprenons en route que l’archipel des San Blas se trouve dans la province de Kuna Yala, qui tire son nom de ses habitants les Kunas (ou l’inverse). La province a acquis une autonomie quasi-totale et se sont les indiens Kunas qui administrent leur territoire selon leurs coutumes ancestrales. 

Après quatre heures de 4X4 sur une route très vallonnée arpentant la jungle (nous comprenons pourquoi aucun bus ne s’y rend), nous plongeons dans le monde des Kunas. Nous arrivons sur un embarcadère au milieu de nulle part desservant les îles des San Blas. A notre grande surprise, Carti qui nous paraissait être une grande ville, est en fait une petite île (enfin plusieurs petites îles). Nous retrouvons le contact de la lancha pour la traversée du lendemain et nous réussissons cette fois à négocier le passage gratuit sur l’île.

DSC05767 En arrivant sur l’île de Carti, nous découvrons des bâtiments (enfin des huttes en roseau) qui semblent flotter sur l’eau, la mer venant lécher continuellement leurs abords. L’île est plate comme une galette et remplie de constructions qui ne laissent apparaître quasiment aucun monceau de terre. En nous baladant un peu, nous croisons quelques îliens et admirons les femmes quasiment toutes en tenues traditionnelles avec de larges colliers de perles formant différents motifs sur les avants bras et les mollets. Si leur tenue est magnifique, l’accueil lui est plus que distant. Les gens ne nous parlent pas sauf pour demander de l’argent où vendre de l’artisanat hors de prix. De plus notre hôtel, enfin notre bicoque, est vraiment glauque. C’est le seul de l’île, nous sommes à l’étage du seul bar-épicerie (construction en dur) du village. Cet étage est fait tout en roseau, toit, murs et cloisons, qui de ce fait laissent largement passer la lumière. Comble du luxe, de bons gros rats déambulent tranquillement sur les planches au dessus de nos têtes… Malgré tout, nous rions bien de la situation et regardons tranquillement le va et vient des pirogues. 

Le lendemain matin, nous avons rendez vous à 6h30 sur la berge en face de notre boui-boui. Réveil matinal pour constater qu’il pleut àIMGP1042 torrent, que la mer semble bien agitée et le vent bien régulier. Nous patientons non sans s’inquiéter un peu jusque 8h, heure ou surgit de nulle part notre contact pour nous informer que pour l’instant nous ne pouvons partir et qu’il faut patienter. Une heure plus tard, le vent à chasser les nuages et le beau temps est revenu. Branle-bat de combat, nous partons à deux lanchas pour récupérer un groupe à l’embarcadère où nous étions la veille. Nous ne sommes que six sur notre bateau et profitons des magnifiques paysages qui s’offrent à nous avec une ribambelle de petites îles paradisiaques entourées d’une eau cristalline digne de carte postale. A notre droite, la côte escarpée recèle d’une jungle dense où nous pouvons imaginer un grouillement incessant.

Après six heures de bateau et quelques passages avec de jolies vagues (creux de deux mètres parfois, on se sentait bien petit dans notre barque) mais pas de réelle frayeur, nous effectuons une pause déjeuner. A notre grande surprise, nous assistons au débarquement de nos affaires suivi du départ de notre bateau à vide. Le reste de la traversée se fera sur une seule lancha où nous serons entassés à 22 personnes. Finalement nous atteignons Puerto Obaldia après  trois heures de navigation serrés comme des sardines. Nous sommes soulagés d’être maintenant si proches de la frontière colombienne, mais notre journée n’est pas terminée. Nous filons dans la foulée à Capurgana, 2e ville colombienne de la côte à trente minutes de bateau. Nous n’aurons donc fait qu’un stop rapide dans ce petit port de pêche de Puerto Obaldia tant convoité ! Les formalités de douanes effectuées, le chien anti-drogue n’ayant rien trouvé dans nos sacs, nous reprenons la mer à la tombée du jour.

Nous passons donc en Colombie de nuit sur une barque remplie de personnes. Il faut avouer que nous nous sommes sentis dans la peau de migrants clandestins… Clandestins nous le resterons d’ailleurs dix heures puisque l’office d’immigration étant fermée à notre arrivée, nous n’aurons pas le tampon requis pour entrer en Colombie et passerons une nuit dans l’illégalité. 

IMGP1097 Le lendemain, nous nous accordons un jour de repos afin de reposer nos fessiers et nos dos endoloris, avant de reprendre la mer pour allez à Turbo. Et oui !  Il n’y a pas plus de route à Capurgana qu’à Puerto Obaldia, il nous faut donc en repasser par la mer. Nous prenons donc une barque un peu plus grande où s’entasse cette fois 40 personnes pour un prix de 28$ par personne, sans compter le surplus bagage de 5$, une surprise de l’avant départ. Nous avons d’ailleurs eu droit à une pesée de bagage épique puisque le sac d’Elise pesant 14 kg à l’aéroport en était déjà à 22 kg… quand à moi j’ai appris que je transportais pas moins de 26 kg sur mon petit dos… Après trois heures de traversée tranquille, au moment où nous apercevons notre côte d’arrivée, nous tombons en panne d’essence! Après quelques avancées cahin-caha en saut de puces, un bateau se propose d’offrir - non de vendre ! -  un bidon d’essence. Ce bidon nous permet d’arriver à bon port.

Nous ne nous attardons pas dans la ville de Turbo, puisqu’elle nous semble vraiment inhospitalière. Nous prenons donc un bus pour rejoindre Montéria, normalement quatre heures de trajet. Nous en mettrons six... A Montéria nous reprenons un bus pour Cartagena qui est normalement à trois heure trente de trajet. Nous en mettrons encore presque six… Bienvenue sur le réseau routier colombien !

Finalement le 17 décembre à 23h30, nous arrivons à Carthagène après cinq jours de voyage et une dernière journée de 15 heures de transports ! Décidément, Elise n’a pas choisi la partie la plus facile du voyage...        

David

panama  

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