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Poncho et sac à dos
7 janvier 2012

Comment passer du Panama à la Colombie en 5 jours…

Tous les baroudeurs d’Amérique vous le diront, le passage de frontière le plus compliqué du continent se trouve entre le Panama et la Colombie. La panaméricaine n’ayant pas été construite à cette endroit, il n’y a quasiment pas de passage terrestre. Enfin il existe bien des sentiers traversant la jungle, mais cette dernière est remplie de guerriers et trafiquants en tout genre…

Le passage se fait donc par avion ou bateau. Enfin « bateau » c’est un bien grand mot, n’allez pas vous imaginer des ferry de la SNCM reliant les deux pays. Il s’agit de nos bonnes vieilles lanchas croisées précédemment. Vous l’aurez donc compris, nous avons choisi l’option maritime pour notre périple. Et périple n’est pas un vain mot, puisque depuis Bocas del Torro jusqu’à Carthagène nous avons mis pas moins de cinq jours quand un avion met deux heures en comptant l’escale à Panama Ciudad. 

avion croix La frontière entre les deux pays se franchit depuis un petit port tout au Sud du Panama dans la province du Darien : Puerto Obaldia. Trois fois par semaine des vols depuis la capitale panaméenne desservent ce petit port qu’aucune route terrestre ne permet de rejoindre. Etant donné que les réservations par internet ne fonctionnent pas avec Air Panama, nous nous sommes empressés de nous rendre à l’aéroport de Bocas del Torro pour obtenir les billets convoités. Première déconvenue : les vols pour Puerto Obaldia sont tous complets jusque début janvier.

Nous décidons tout de même de partir pour Panama City en espérant trouver un vol. Après une journée et une nuit de bus depuis l’archipel du nord (avec une pause pluvieuse dans la ville de David qui n’est vraiment pas glamour) nous arrivons dans la capitale panaméenne. On nous confirme que malheureusement, il n’y a aucun billet de disponible ni pour Puerto Obaldia ni pour les autres villes côtières d’où nous aurions pu prendre une lancha pour rejoindre le village frontalier. Nous pensons un instant acheter un billet d’avion direct pour Carthagène mais les prix nous refroidissent (minimum 300€ par personne), nous cherchons donc un autre moyen. 

Nous savons que quelques lanchas partent de l’archipel des San Blas pour Puerto Obaldia, mais nous n’en savons pas plus (fréquence,DSC05742 prix, lieu de départ...), sans compter qu’il faut s’y rendre aux îles San Blas ! Au terminal de bus, on nous informe qu’aucun bus ne dessert le lieu, mais qu’en allant sur une place du centre-ville, nous pourrions trouver plus d’informations. Nos espoirs reposent donc sur ces informations quelque peu sommaires… Nous prenons un taxi pour nous rendre sur cette place. En discutant avec le chauffeur celui-ci nous apprend qu’il connaît un lieu d’où nous pourrons de façon certaine nous rendre aux San Blas. Nous commençons à voir la chance tourner et nous rendons donc au lieu indiqué par le chauffeur. Sur place un homme nous informe qu’il peut effectivement nous y emmener et appelle un de ses contacts pour savoir si un bateau part prochainement pour Puerto Obaldia. Coup de chance, un bateau par le lendemain de Carti. Le prix de la traversée est de 100$ par personne auquel nous devons ajouter les 25$ du transport jusque Carti. Nous tentons une négociation tarifaire puisque nous sommes trois mais l’interlocuteur au bout du fil ne veut rien entendre. Nous sommes confrontés pour la première fois à l’intransigeance des « Kunas ». [Ci-dessus: attente du 4x4 à Panama Ciudad...]

En effet, nous apprenons en route que l’archipel des San Blas se trouve dans la province de Kuna Yala, qui tire son nom de ses habitants les Kunas (ou l’inverse). La province a acquis une autonomie quasi-totale et se sont les indiens Kunas qui administrent leur territoire selon leurs coutumes ancestrales. 

Après quatre heures de 4X4 sur une route très vallonnée arpentant la jungle (nous comprenons pourquoi aucun bus ne s’y rend), nous plongeons dans le monde des Kunas. Nous arrivons sur un embarcadère au milieu de nulle part desservant les îles des San Blas. A notre grande surprise, Carti qui nous paraissait être une grande ville, est en fait une petite île (enfin plusieurs petites îles). Nous retrouvons le contact de la lancha pour la traversée du lendemain et nous réussissons cette fois à négocier le passage gratuit sur l’île.

DSC05767 En arrivant sur l’île de Carti, nous découvrons des bâtiments (enfin des huttes en roseau) qui semblent flotter sur l’eau, la mer venant lécher continuellement leurs abords. L’île est plate comme une galette et remplie de constructions qui ne laissent apparaître quasiment aucun monceau de terre. En nous baladant un peu, nous croisons quelques îliens et admirons les femmes quasiment toutes en tenues traditionnelles avec de larges colliers de perles formant différents motifs sur les avants bras et les mollets. Si leur tenue est magnifique, l’accueil lui est plus que distant. Les gens ne nous parlent pas sauf pour demander de l’argent où vendre de l’artisanat hors de prix. De plus notre hôtel, enfin notre bicoque, est vraiment glauque. C’est le seul de l’île, nous sommes à l’étage du seul bar-épicerie (construction en dur) du village. Cet étage est fait tout en roseau, toit, murs et cloisons, qui de ce fait laissent largement passer la lumière. Comble du luxe, de bons gros rats déambulent tranquillement sur les planches au dessus de nos têtes… Malgré tout, nous rions bien de la situation et regardons tranquillement le va et vient des pirogues. 

Le lendemain matin, nous avons rendez vous à 6h30 sur la berge en face de notre boui-boui. Réveil matinal pour constater qu’il pleut àIMGP1042 torrent, que la mer semble bien agitée et le vent bien régulier. Nous patientons non sans s’inquiéter un peu jusque 8h, heure ou surgit de nulle part notre contact pour nous informer que pour l’instant nous ne pouvons partir et qu’il faut patienter. Une heure plus tard, le vent à chasser les nuages et le beau temps est revenu. Branle-bat de combat, nous partons à deux lanchas pour récupérer un groupe à l’embarcadère où nous étions la veille. Nous ne sommes que six sur notre bateau et profitons des magnifiques paysages qui s’offrent à nous avec une ribambelle de petites îles paradisiaques entourées d’une eau cristalline digne de carte postale. A notre droite, la côte escarpée recèle d’une jungle dense où nous pouvons imaginer un grouillement incessant.

Après six heures de bateau et quelques passages avec de jolies vagues (creux de deux mètres parfois, on se sentait bien petit dans notre barque) mais pas de réelle frayeur, nous effectuons une pause déjeuner. A notre grande surprise, nous assistons au débarquement de nos affaires suivi du départ de notre bateau à vide. Le reste de la traversée se fera sur une seule lancha où nous serons entassés à 22 personnes. Finalement nous atteignons Puerto Obaldia après  trois heures de navigation serrés comme des sardines. Nous sommes soulagés d’être maintenant si proches de la frontière colombienne, mais notre journée n’est pas terminée. Nous filons dans la foulée à Capurgana, 2e ville colombienne de la côte à trente minutes de bateau. Nous n’aurons donc fait qu’un stop rapide dans ce petit port de pêche de Puerto Obaldia tant convoité ! Les formalités de douanes effectuées, le chien anti-drogue n’ayant rien trouvé dans nos sacs, nous reprenons la mer à la tombée du jour.

Nous passons donc en Colombie de nuit sur une barque remplie de personnes. Il faut avouer que nous nous sommes sentis dans la peau de migrants clandestins… Clandestins nous le resterons d’ailleurs dix heures puisque l’office d’immigration étant fermée à notre arrivée, nous n’aurons pas le tampon requis pour entrer en Colombie et passerons une nuit dans l’illégalité. 

IMGP1097 Le lendemain, nous nous accordons un jour de repos afin de reposer nos fessiers et nos dos endoloris, avant de reprendre la mer pour allez à Turbo. Et oui !  Il n’y a pas plus de route à Capurgana qu’à Puerto Obaldia, il nous faut donc en repasser par la mer. Nous prenons donc une barque un peu plus grande où s’entasse cette fois 40 personnes pour un prix de 28$ par personne, sans compter le surplus bagage de 5$, une surprise de l’avant départ. Nous avons d’ailleurs eu droit à une pesée de bagage épique puisque le sac d’Elise pesant 14 kg à l’aéroport en était déjà à 22 kg… quand à moi j’ai appris que je transportais pas moins de 26 kg sur mon petit dos… Après trois heures de traversée tranquille, au moment où nous apercevons notre côte d’arrivée, nous tombons en panne d’essence! Après quelques avancées cahin-caha en saut de puces, un bateau se propose d’offrir - non de vendre ! -  un bidon d’essence. Ce bidon nous permet d’arriver à bon port.

Nous ne nous attardons pas dans la ville de Turbo, puisqu’elle nous semble vraiment inhospitalière. Nous prenons donc un bus pour rejoindre Montéria, normalement quatre heures de trajet. Nous en mettrons six... A Montéria nous reprenons un bus pour Cartagena qui est normalement à trois heure trente de trajet. Nous en mettrons encore presque six… Bienvenue sur le réseau routier colombien !

Finalement le 17 décembre à 23h30, nous arrivons à Carthagène après cinq jours de voyage et une dernière journée de 15 heures de transports ! Décidément, Elise n’a pas choisi la partie la plus facile du voyage...        

David

panama  

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Commentaires
J
Merci pour cette belle aventure,ces pays m’ont toujours attiré,
V
Ha ouai! En lancha! Et niveau confort ca allait? C était cher?<br /> <br /> Nous on l a fait en catamaran (5 jours/550 balles) on a trouvé un bateau spécialisé dans les travellers et backpackers (catamaransanblas.com) ambiance de folie dans décor de reve😅, c etait un peu fou! bon par contre y avait pas assez de lit pour tous alors des fois on dormait sur le pont ou à 3 dans une cabine mais bon 200 balles de moins que les autres bateaux et on s est fait des potes de routes pour la suite du voyage. Gros kif sur la colombie côté campagne on a pas trop accroché les grosses villes, mais c est passé trop vite... comme tout ce qui est cool
M
Alors ça c'est du périple ! Pas toujours simple la vie de voyageurs et là franchement je ne trouve pas mes mots...j'espère que vous allez pouvoir vous accordez quelques bons moments de calme dans une douce et tendre atmosphère. <br /> <br /> Alala vous vous rapprochez des pays de mes rêves: Equateur/ Pérou / Bolivie.<br /> <br /> Je rêve de sauter dans un avion pour vous y rejoindre!<br /> <br /> Bonne route amis des routes !
Poncho et sac à dos
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